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Depuis deux ans déjà que je me consacre à asseoir, entre autres, une ferme agroécologique à Nguéréngou. L’idée est d’harmoniser les enjeux sociaux, écologiques et environnementaux. Pour le moment, j’en suis qu’aux prémices : j’ai quelques bananiers, quelques avocatiers, une parcelle d’ignames et de maniocs. Mon idée, c’est d’impulser la biodiversité pour préserver les ressources naturelles tout en réduisant la part chimique mais surtout de penser autonomie alimentaire de ma communauté.

C’est en désherbant que les ouvriers sont tombés sur ce serpent (la photo). Malheureusement celui-ci a été tué. J’avais laissé comme consigne d’être mis au courant de n’importe quel type d’évènement venant à se produire dans la ferme. Aussi m’a-t-on ramené le serpent. Nguéréngou est le royaume des serpents.

Ce que j’ai appris, tout comme les inséparables, ce serpent vit systématiquement en couple. Du coup, quand je suis retourné dans mes herbes, je n’avais pas l’esprit tranquille, de peur de croiser l’autre par inadvertance.

Pour le besoin des proportions, j’ai mis en scène la photo prise avec mon smartphone. Vous pouvez observer aussi que j’utilise un apn Nikon coolPix P900 (sur la photo). Cet appareil n’est aucunement plébiscité par les photographes car rares sont ceux qui lui trouvent des avantages. Mais moi, si. Car pour pas cher, on a un format compact proposant une focale de 24 mm/2000 mm. C’est-à-dire qu’on dispose d’un grand angle et d’un super téléobjectif. Ce qui est très exceptionnel. En termes de performance, il ne faut pas s’attendre à du haut de gamme. Mais mon raisonnement est très simple : Nous disposons aujourd’hui de très bons logiciels de traitement de photo, si c’est le point qualité d’image qui turlupine. La deuxième raison qui justifie ce choix, c’est qu’il n’est pas aisé de se trimbaler avec du matériel haut de gamme en Afrique subsaharienne. La misère que l’on côtoie n’est pas compatible avec ce type de matos. Et d’un autre côté, la poussière est tellement omniprésente et quoiqu’on fasse, elle s’insinue partout. Donc le risque d’une mise hors d’usage de l’apn est trop élevé..

Voilà ce que j’aperçois un matin en me levant : une mue de serpent le long du mur. La question : où est-il passé ?

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Encore une autre fois, des enfants du village m’assaillent en me disant que j’avais marcher sur un serpent.

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En fait, il était déjà mort et moi j’avais laissé la marque de ma semelle de basket dessus ; et oui, sans le savoir j’avais marché sur un serpent. Les enfants savaient que seul mes baskets pouvaient laisser la marque qu’ils avaient observée.

Ce qui est terrible, la rencontre de l’homme et du serpent finit toujours au détriment de celui-ci. Quand le serpent passe malencontreusement sur une route goudronnée, il se fait écraser car il a du mal à mouvoir sur cette surface.

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De même s’il se perd dans le village, son sort est généralement scellé.

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En essayant d’échapper à ses poursuivants, celui-ci a eu le malheur de repasser
plusieurs fois au même endroit. La rumeur a commencé à enfler : « Ça n’est
pas normal ce va-et-vient !!! », « On dirait qu’il cherche
quelqu’un !!! », « On l’a certainement envoyé !!! ».
Une demi-heure plus tard, il n’était plus. La coutume veut qu’on sectionne la tête,
la queue et qu’on les balance à des endroits différents pour éviter que le
serpent se reconstitue.

 Pour ma part, je ne prends pas ces choses à la légère car il se joue là la question
de l’identité culturelle et la question de ma place dans ma communauté.

Être ici ou ailleurs, il faut choisir.

 À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé