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Quand je m’installe à Nguéréngou, son ciel bleu et sa nature verdoyante ont fini par gommer l’image trouble que j’avais de la capitale. Pas de poussière, une densité humaine vidée de la désagréable promiscuité propre aux grandes villes. Sans que je sache pourquoi, je me sens bien.

C’est l’allégorie du retour qui se joue pour moi. Ainsi cette rencontre, cette retrouvaille commence à me livrer la profondeur de ma quête. Elles tombent à point.

Comme sur un nuage, j’arpente la localité. Les sourires sont sincères, les regards francs. Pour eux, je suis nouveau, peut-être même un étranger. C’est vrai qu’ils ne m’ont jamais vu. Donc il est normal qu’ils ne puissent pas me relier à notre plantation familiale située à Nguéréngou même depuis des décennies. Et c’est bien ainsi, le tissage de relation ne sera que plus authentique. Mais si je n’y suis pas depuis plusieurs décennies, ce n’est pas pour autant que ma famille soit absente.

Les maisons sont faites en brique de terre crue ou cuite. Les toits sont en tôle. Les toitures en paille sont désormais quasiment délaissées. Ce qui est dommage, car en saison sèche la chaleur est insupportable avec la tôle.

Lors d’une déambulation, je tombe sur cette maison qui dénote : comme le symbole de l’impossibilité de tout accomplissement, elle est malheureusement inexploitée.

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J’apprends que c’est un don de la Chine, pour les enfants de Nguéréngou. La Chine souhaitait une activité à visée maternelle.

La population de Nguéréngou est en majorité des paysans. Ils passent leur journée dans leurs champs situés entre 3 à 5 kms (des fois plus) de chez eux. Ceux qu’on croise à Nguéréngou s’occupent plutôt de leur étal en exposant en vente des denrées provenant de leur production champêtre.

Nguéréngou est avant tout une localité dortoir.

Par conséquent, les enfants, en âge d’aller à l’école, fréquentent l’école de la localité voisine. Car les localités de Nguéréngou I et II n’ont pas d’école. Les enfants plus petits restent souvent toute la journée devant leur maison sans surveillance, ni activité. D’ailleurs il n’y a rien à craindre. Les parents ne peuvent pas toujours les emmener au champ. Car au retour, la charge à ramener est trop importante : denrées diverses, fagot etc…

J’ai donc proposé mes services aux chefs des trois localités contigües. La Cheffe de Nguéréngou, Marceline, très réactive comme d’habitude, m’a donné son accord pour réaliser mon projet de prise en charge des enfants.

J’ai fait débroussailler le terrain car comme vous le savez maintenant, les serpents sont légion à Nguéréngou.

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Je tiens à mettre une vraie distance entre les reptiles et les enfants.

Ensuite, les enfants m’ont aidé à nettoyer : Les filles ont balayé la poussière ; elles ont été à la rivière chercher de l’eau pour laver le sol.

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Les garçons ont nettoyé et lavé la véranda où les cabris avaient l’habitude d’y dormir et d’y déposer leurs déjections ; 

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Ils ont déplacé les tables. Celles-ci étaient lourdes car les chinois n’ont pas lésiné sur les meubles de qualité. 

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L’annonce de l’ouverture s’est faite la nuit par un annonceur au sifflet. À la demande de la Cheffe, celui-ci a parcouru tout le village en annonçant que l’école avait enfin son professeur, moi. Le matin, les parents se sont présentés avec les tout petits. Je me suis organisé pour m’occuper des non-scolarisés dans la matinée. J’ai été surpris de voir beaucoup d’enfants : une cinquantaine le matin.

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Le matin, je sillonne le village pour récupérer les petits. Certains, impatients, partent à ma recherche.

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Je n’ai pas de cloche pour appeler les enfants. Car le fer étant très recherché par les ferrailleurs, la cloche disparaîtrait aussitôt installée.

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Les enfants habitant sur les hauteurs m’entendant les héler d’en bas, descendaient joyeusement la colline en courant.

Par contre je consacre l’après-midi aux enfants de la primaire. Je reçois également quelques collégiens. Mais en réalité, les maternels ont pris goût aux apprentissages, aussi ils s’imposent l’après-midi puisqu’ils refusent de rester seuls à la maison. Ils s’amassent donc devant la classe des grands, m’obligeant à les accueillir à nouveau.

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L’après-midi est une classe mélangée à tous points de vue. Et il faut une sacrée disposition pédagogique pour gérer. Mais j’en fais mon affaire.

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J’utilise comme promis les chansons de Marlène Ngaro en atelier musique, mais aussi comme moment de transition entre les matières. Cela a eu un succès fou.

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Je tiens à préciser, pour éviter toute ambiguïté, que ce n’est pas une école, même si les parents préfèrent la nommée ainsi. C’est un centre culturel. Il ne dépend pas de l’éducation nationale. Le matin, il est destiné à accueillir le jardin d’enfants. Et l’après-midi est consacré au soutien scolaire des plus grands.

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Cette bâtisse est un don de Sun Yat-Sen Fraternity Fondation. Pour votre gouverne, Sun Yat-Sen considéré, comme le père de la Chine moderne, a été le premier président de la Chine. Donc pour ceux qui en douteraient encore, la Chine n’est pas un partenaire fictif.

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Pour le moment, je la fais fonctionner seulement quelques mois dans l’année, le temps de ma présence à Nguéréngou, en attendant de finir mon installation et surtout de trouver un associé local. Je la fais fonctionner sur mes deniers personnels ; ce n’est pas évident mais le jeu en vaut la chandelle.

Un petit mot pour signaler les dérives de certains fonctionnaires de l’éducation nationale :

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Des enfants sont sollicités pour ramener du fagot à l’école de la république, soi-disant pour permettre la préparation de leur goûter. Mais tout le monde s’accorde à dire que c’est l’impôt infligé aux parents par des professeurs des écoles puisque ceux-ci ramènent le butin chez eux : un prélèvement mafieux sur les habitants.

J’espère cet article inspirant. En attendant, je vous donne rendez-vous pour une prochaine publication.

À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé