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Deux ans déjà que je suis le projet de construction du marché de Nguéréngou. Fin 2021, ça n’était qu’un projet émergeant. Il est maintenant achevé. L’information publique mentionne qu’il s’agissait d’un projet d’appui à la relance agricole et au développement de l’agrobusiness en Centrafrique et notamment à Nguéréngou. Il est important de garder ce point en tête. J’y reviendrai une autre fois. Le maître d’ouvrage est le Ministère de l’agriculture et du développement rural. Et le projet a été financé par la Banque mondiale.

L’ouvrage, non qu’il ne soit pas bel, n’est pas original car on retrouve le même modèle architectural sur d’autres localités en direction de la sous-préfecture de Damara. Une réplique qui ne fait pas honneur à l’esprit créatif. Il manque la « personnalisation » qui aurait pu mettre en avant le caractère propre de Nguéréngou.

Ce marché se situe, en venant de Bangui, une fois passé le pont de « Nguéréngou, le cours d’eau», à une centaine de mètres à gauche après la barrière de la douane. L’emplacement est juste adossé à un autre cours d’eau, le « Yangana ». À mon avis, personne n’a encore anticipé les problèmes sanitaires.

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La construction a été confiée à l’entreprise Fibert BTP qui avait un délai d’exécution de 4 mois.

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Il y a eu besoin de manœuvres locaux pour le débroussaillement et le terrassement. Des femmes ont été sollicitées pour ramener de l’eau de la rivière pour le mortier en maçonnerie.

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Une fois la construction achevée, les habitants de Nguéréngou ont été sollicités pour un grand nettoyage. Nous sommes venus en nombre avec des pelles, des binettes, des machettes et autres. Toutes les générations confondues étaient présentes : Hommes, femmes, jeunes et enfants.

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Les ouvriers avaient encore un peu de finition à faire sur l’ouvrage.

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Encore un petit effort avant l’inauguration.

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Un jour, sans prévenir, des officiels de la république sont venus à Nguéréngou pour l’inauguration. Il a fallu leur dire que nous sommes des citoyens et qu’il fallait avoir un minimum d’égard à notre encontre. Car si l’ouvrage est achevé, il fallait encore le rendre présentable. Ensuite il va de soi que les habitants soient aussi présents pour l’inauguration.  N’oublions pas que dans la journée la plupart des personnes vaquent à leur occupation dans les champs. Et enfin, que le marché soit investi avec des produits champêtres à vendre, ce qui serait plus parlant.

Un autre rendez-vous a été pris. Et cette fois-ci, les officiels arrivent très en retard. Entre temps, les paysans, ayant trop attendu, dépités, sont repartis à leurs travaux. On a dû improviser une inauguration avec quelques trainards. Nos chefs de village ont reçu des sévères remontrances de la part des officiels qui leurs reprochaient leur manque d’autorité. Cette façon d’infantiliser des élus locaux ne fait pas honneur à nos responsables politiques.

Et pourtant, dans un esprit participatif et collaboratif, nous, habitants de Nguéréngou, avons investi le projet de ce nouveau marché.

Ce projet de marché est né dans le cadre d’un objectif national visant l’intérêt de Nguéréngou. Il ne deviendra pertinent que quand le développement urbain de Nguéréngou sera envisagé du point de vue de son urbanisme et de son aménagement global. Car, nous le savons, il y a le projet de délocalisation de la porte d’entrée à Bangui du km12 pour la réinstaller du côté de Nguéréngou. D’où notre question, quels moyens l’État mettra-t-il à la disposition de Nguéréngou pour impulser et matérialiser nos équipements socio-culturels et nos infrastructures techniques telles l’alimentation en eau, l’électricité, le traitement des déchets… ? Car il ne s’agit pas de reproduire à Nguéréngou les erreurs du km12. Seule la concertation pourra nous éviter des impasses, des contestations et le risque autocratique se cachant derrière les apparences de bénéfices supposés.

Pour l’instant, les vendeurs ont quelques réticences à investir le nouveau marché pour la raison qu’ils trouvent que le droit mensuel qu’on leur impose n’est pas convenable. Les autorités ont menacé de les poursuivre s’ils persistaient à vendre leurs denrées au bord de la route comme auparavant. Aussi certains ont simplement ramené leur étal chez eux.

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Mais rien n’est impossible, nous trouverons une solution.

À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé