
Je vais certainement froisser quelques-uns de mes amis avec cet article. Mais j’en ai marre d’hésiter à partager cette réflexion. Ce qui doit être entendu doit être exprimé.
L’occident est le plus grand cimetière des artistes africains. Porteurs d’une culture nationale dans le meilleur des cas, les artistes africains finissent tôt ou tard par échouer en terre étrangère à la recherche d’un lieu d’expression. Normal, surtout quand on se sent à l’étroit chez soi, noyé dans un manque de considération généralisé. Obligé d’aller quémander de la visibilité sur ses propres ondes médiatiques, ne pas avoir le minimum vital, tout ceci explique cela : on jette l’éponge et on va voir ailleurs.
Sauf que le monde occidental est un concept géopolitique qui s’appuie sur l’idée d’une civilisation commune où l’Afrique n’est pas concernée et surtout, on est très loin de l’idée de la mondialisation et de la globalisation. Ils rentrent dans une autre civilisation qui sous-tend l’idée d’une distanciation culturelle avec l’ailleurs.
Tout ce qui attend l’artiste africain qui débarque en Occident, c’est soit l’assimilation, soit une purée de plateforme où l’on y trouve pêle-mêle les musiques des affranchis désignées sympathiquement par le terme « Musiques métissées ». Il est sonné de faire de la fusion. C’est-à-dire qu’il est tout sauf lui-même. Ce que je nomme « Perte d’authenticité ».
En sus, il ne faut pas oublier que l’artiste qui arrive d’Afrique n’est souvent que le porteur d’une culture urbaine africaine très loin des fondamentaux traditionnels africains.
Dans le temps, un disque vinyle ou plus tard un CD pouvait donner un peu de visibilité. Mais voilà, ces supports sont passé de mode, et de surcroît ils ne font plus vivre l’artiste. Il ne reste plus que les grandes salles malheureusement réservées à qui l’on sait. Donc l’artiste africain se retrouve dans les boulots d’appoint pour joindre les deux bouts. Et quand il a l’opportunité de jouer, on le retrouve inévitablement dans les salles de fête de quartier, à animer des mariages, et à glorifier son dieu d’importation …
L’Occident est bel et bien un grand cimetière pour nos artistes.
Alors pour nous occuper, qu’est-ce qu’on fait ? On joue de la musique classique, du jazz, du reggae, de la musique des Îles etc… Tout sauf de la musique fondamentale africaine.
Cela glace le sang car c’est souvent chez ceux-là que le discours anachronique sur la culturalité africaine se fait tonitruant.
Ce type de présence à l’extérieur fragilise la diffusion de notre spiritualité culturelle. L’Occident est décadent. Les Européens le disent eux-mêmes. D’ailleurs c’est le sort normal de toute civilisation arrivant à son apogée. Il est absurde qu’un continent en devenir, l’Afrique, aille y trouver son lieu d’expression par le biais de ses artistes. Nous n’avons pas à participer et à maintenir cette sédation profonde et continue jusqu’à la mort. Cette assistance palliative participe au ralentissement de notre propre prise de conscience.
Au jour d’aujourd’hui, les autres peuvent peut-être justifier d’une supériorité économique sur nous mais certainement pas d’une domination morale et culturelle. Nous ne devons pas laisser penser de telle chose.
Nous devons abandonner ce rôle de « Doungourou » (fidèle serviteur).
Le clivage de l’humanité participe à sa richesse. Clivage de l’humanité en tant que diversité culturelle. Nous devons nous appuyer dessus au lieu d’y trouver des raisons de guerre. Être en ordre de marche par obligation ne fera pas de notre monde un havre de paix. L’Occident doit lâcher sa vision nombrilo-centriste pour une altérité apaisée. Je publierai la suite de cet article quand ma pensée redeviendra moins agressive et dès que ma plume aura retrouvé un peu plus de sagesse et de bienveillance. Car ma démarche doit restée pédagogique et sans intention d’offusquer, ni d’humilier les miens.
À bientôt.
Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.