
Des mois se sont écoulés depuis le déclenchement de ma campagne pour l’apprentissage de la langue banda.
Mon enthousiasme doit composer désormais avec le scepticisme ambiant.
Ma proposition n’a pas agrégé d’intéressés. Le nombre d’abonnement en atteste. Ceux qui semblaient intéressés par la démarche ne donnent point signe. Les rares que j’ai au bout du fil cachent à peine la posture du politiquement correct.
Je ne désespère pas. Malgré tout, j’ai poursuivi à titre personnel le travail. Ensuite il sera question pour moi d’aller recueillir de la matière à la source. Le banda de la diaspora est peut-être repu.
Mais pas tous car pendant mes pérégrinations, j’ai eu l’heureuse chance de tomber sur l’excellent site de Mr Alexis Palou. Il traite de la langue banda. Je vous propose son lien : http://webbanda.free.fr/banda_lexique.htm.
C’est aussi dans cet esprit que l’on doit poursuivre le travail qu’il a initié. J’espère avoir le plaisir d’échanger avec lui dès que possible pour m’appuyer de son expérience.
Ceci étant dit :
La langue banda est l’héritage essentiel des banda et nous avons tous chacun une responsabilité personnelle à son égard.
Je me dois de faire acte de pédagogie auprès des miens, vous banda, pour vous sensibiliser. Je me dois de vous déranger dans votre zone de confort intellectuel car le politiquement correct semble suffire à beaucoup.
Le patrimoine linguistique mondial se désagrège. On parle de la mortalité des langues. La cadence de l’extinction des langues s’est accentuée et ce depuis la période de colonisation. Les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) privilégient les langues colonisatrices. Le français, l’anglais et autres sont vecteurs en grande partie de ce taux de létalité.
Le plus grand « génocide » linguistique s’opère sous nos yeux. A l’instar de la justice économique internationale, la démocratie linguistique n’existe pas. Ceux dont les langues ont été privilégiées nous toisent de très haut. Pour eux, nos langues ne peuvent être porteuses d’évolution et de révolution. Nous sommes assignés au folklore international.
Une obsolescence de nos langues a été programmée par l’extérieur et entretenue par une politique nationale centrafricaine aliénée. Un système qui oblige son peuple à s’éduquer et à penser dans la langue d’un autre. Mais le plus grave, à reléguer au fond fin coin de la brousse, nos multitudes de langues que l’on nomme avec mépris dialectes.
Nous banda, nous participons aussi à cette obsolescence programmée. Puisque nous avons fait perdre à notre langue toutes fonctions sociales relatives à la communication, à la géographie, au culturel, à la défense, à l’économie, à la démographie …
La question du seuil de survie de notre langue est engagée. Nous avons moins de locuteurs banda. Certains d’entre nous parlent banda. D’autres le comprennent et de plus en plus nombreux sont ceux qui ne parlent ni ne comprennent un mot banda. Le banda voyageant de plus en plus tend à assimiler la langue de son pays d’accueil au détriment de sa propre langue. Quand elle est parlée, la démarche ne s’inscrit pas dans l’idée d’un progrès social, de l’élévation de l’homme banda, ni d’une transmission à la future génération.
Des évènements graves en territoire banda précipitent notre désertification géographique et démographique. Nous sommes en présence d’une nouvelle colonisation.
Interroger ce qui est établie nous oblige à sortir de notre zone de confort.
Le français et son poisson pilote le sango nous ont déjà pris en otage depuis des décennies. Ils ont vampirisé toutes nos langues régionales. D’ailleurs on nomme négligemment ces dernières le patois. Le banda parle d’autres langues aujourd’hui sans une contrepartie. Ce faisant, nous nous sommes infligés un mal profond.
Ces autres langues participent d’un impérialisme culturel et dans un rapport de force qui nous est défavorable.
Le banda fait donc partie des langues considérées comme sans Etat, c’est-à-dire une langue banda ne détenant aucun pouvoir et autonomie politique pour pouvoir gérer son territoire. Pire, la nation banda existe dans une république non souveraine quant au contrôle de son destin linguistique.
Voilà pourquoi, je vous invite à vous ré-approprier le banda, à parler banda, à l’écrire. Cette langue est notre marqueur identitaire le plus important. C’est notre patrimoine le plus ancien, celui légué par nos patriarches. Si nous ne nous l’imposons pas, elle disparaîtra. C’est à nous de la rendre utile.
Pour ma part, tous les jours dorénavant, j’y travaille à titre symbolique d’abord mais aussi dans le sens d’une réparation historique. Le banda doit redevenir une langue vivante, porteuse de notre évolution au quotidien. Elle doit pouvoir dire quelque chose de nos pensées analytiques, philosophiques et autres. Nous ne devons pas la cantonner dans la seule traduction des besoins physiologiques primaires.
Quand l’homme banda est sorti de la pratique des onomatopées, il est rentré de facto dans l’ère de la civilisation. Sa culture, son environnement social, son éducation sont l’origine de ses motivations. C’est ainsi qu’il a pu hiérarchiser ses besoins fondamentaux.
Au-delà de ces besoins physiologiques, notre langue banda a été le véhicule de notre transcendance durant des siècles, le vecteur principal de nos besoins de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement de soi, de notre place dans le monde, de notre mythologie.
Oui, nous banda avons une mythologie, ce qui n’est pas le cas de tous les peuples.
Pour éviter qu’on me fasse dire ce que je n’ai pas dis, je vais rajouter ceci : je ne prône pas l’exclusion des autres langues dans la vie du banda. Tout au contraire, être multilingue, c’est faire honneur à l’humanité pour autant que notre langue maternelle ne soit pas reléguée au second plan. Car se limiter à une seule langue, signifie une mort certaine.
Je suis déterminé à vous motiver coût que coût. Cela fait plusieurs mois que j’ai envoyé la première fiche conversation et je n’ai pas eu de retour. Mais je garde espoir car je n’oublie pas que l’on a tous des préoccupations personnelles. Malgré tout, je continue de plancher sur notre langue. J’ai beaucoup avancé. J’arrive enfin au travail d’intonation. Mais je n’ai pas de compétences sur cette partie. J’ai besoin du collectif dorénavant. Pour être clair avec vous, je ne suis pas en train d’inventer notre langue. Elle existe déjà depuis la nuit des temps. A son propos, il existe déjà des ouvrages divers.
En fait, il s’agit pour moi, que nous remettions au goût du jour tout ce qui existe en utilisant la technologie actuelle. Et ce dans un but purement pédagogique et de préservation.
Je continue de travailler sur du contenu. Je garde toujours l’idée d’une plateforme d’échange. Je ne la rendrais opérationnelle que si vous manifestiez un minimum d’adhésion. Il serait complètement stupide et absurde que je conceptualise ma démarche au nom de tous. Le « Gui mbi si » n’est pas mon ADN, vous l’avez compris. Il n’y a aucune paternité ou maternité à revendiquer. Car il s’agit avant tout pour moi et je le répète d’une démarche participative et collaborative.
Ceux qui veulent consulter le contenu de mes travaux n’auront qu’à le demander.
Mes meilleurs vœux pour 2020.
Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.