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Catégorie : animalière Page 1 of 4

NGUÉRÉNGOU, le royaume des serpents !!!

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Depuis deux ans déjà que je me consacre à asseoir, entre autres, une ferme agroécologique à Nguéréngou. L’idée est d’harmoniser les enjeux sociaux, écologiques et environnementaux. Pour le moment, j’en suis qu’aux prémices : j’ai quelques bananiers, quelques avocatiers, une parcelle d’ignames et de maniocs. Mon idée, c’est d’impulser la biodiversité pour préserver les ressources naturelles tout en réduisant la part chimique mais surtout de penser autonomie alimentaire de ma communauté.

C’est en désherbant que les ouvriers sont tombés sur ce serpent (la photo). Malheureusement celui-ci a été tué. J’avais laissé comme consigne d’être mis au courant de n’importe quel type d’évènement venant à se produire dans la ferme. Aussi m’a-t-on ramené le serpent. Nguéréngou est le royaume des serpents.

Ce que j’ai appris, tout comme les inséparables, ce serpent vit systématiquement en couple. Du coup, quand je suis retourné dans mes herbes, je n’avais pas l’esprit tranquille, de peur de croiser l’autre par inadvertance.

Pour le besoin des proportions, j’ai mis en scène la photo prise avec mon smartphone. Vous pouvez observer aussi que j’utilise un apn Nikon coolPix P900 (sur la photo). Cet appareil n’est aucunement plébiscité par les photographes car rares sont ceux qui lui trouvent des avantages. Mais moi, si. Car pour pas cher, on a un format compact proposant une focale de 24 mm/2000 mm. C’est-à-dire qu’on dispose d’un grand angle et d’un super téléobjectif. Ce qui est très exceptionnel. En termes de performance, il ne faut pas s’attendre à du haut de gamme. Mais mon raisonnement est très simple : Nous disposons aujourd’hui de très bons logiciels de traitement de photo, si c’est le point qualité d’image qui turlupine. La deuxième raison qui justifie ce choix, c’est qu’il n’est pas aisé de se trimbaler avec du matériel haut de gamme en Afrique subsaharienne. La misère que l’on côtoie n’est pas compatible avec ce type de matos. Et d’un autre côté, la poussière est tellement omniprésente et quoiqu’on fasse, elle s’insinue partout. Donc le risque d’une mise hors d’usage de l’apn est trop élevé..

Voilà ce que j’aperçois un matin en me levant : une mue de serpent le long du mur. La question : où est-il passé ?

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Encore une autre fois, des enfants du village m’assaillent en me disant que j’avais marcher sur un serpent.

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En fait, il était déjà mort et moi j’avais laissé la marque de ma semelle de basket dessus ; et oui, sans le savoir j’avais marché sur un serpent. Les enfants savaient que seul mes baskets pouvaient laisser la marque qu’ils avaient observée.

Ce qui est terrible, la rencontre de l’homme et du serpent finit toujours au détriment de celui-ci. Quand le serpent passe malencontreusement sur une route goudronnée, il se fait écraser car il a du mal à mouvoir sur cette surface.

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De même s’il se perd dans le village, son sort est généralement scellé.

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En essayant d’échapper à ses poursuivants, celui-ci a eu le malheur de repasser
plusieurs fois au même endroit. La rumeur a commencé à enfler : « Ça n’est
pas normal ce va-et-vient !!! », « On dirait qu’il cherche
quelqu’un !!! », « On l’a certainement envoyé !!! ».
Une demi-heure plus tard, il n’était plus. La coutume veut qu’on sectionne la tête,
la queue et qu’on les balance à des endroits différents pour éviter que le
serpent se reconstitue.

 Pour ma part, je ne prends pas ces choses à la légère car il se joue là la question
de l’identité culturelle et la question de ma place dans ma communauté.

Être ici ou ailleurs, il faut choisir.

 À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Nguéréngou !!!

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Ma photo montre un nid d’oiseau camouflé avec une mue de serpent. Certains passereaux utiliseraient ce procédé afin de dissuader les prédateurs et pour éloigner les mangeurs d’œufs. Cette situation est rare à observer dans la nature voilà pourquoi, avec cette photo, j’ai le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel à Nguéréngou.

J’aime Nguéréngou.

J’ai choisi, depuis deux ans, comme point de chute en Centrafrique, la localité de Nguéréngou pour m’y installer et surtout m’y investir.

Il n’est pas rare de trouver deux orthographes pour le nom de cette localité : Nguéréngou ou Guéréngou. Je ne sais pas laquelle des graphies est la concurrente ou l’originelle. Personne encore n’a pu m’expliquer le fruit de l’évolution de l’usage de l’une ou l’autre.

Les coordonnées GPS de Nguéréngou sont approximativement 4.5Nord pour la latitude et 18.5Est pour la longitude. Nguéréngou culmine à 408m environ d’altitude.

En dehors des venelles qui parcourent cette localité, la RN2 est la seule voie de circulation goudronnée qui la traverse en la reliant à la capitale Bangui (30 km) et à Damara (45 km) une sous-préfecture de la préfecture d’Ombella-M’Poko.

La RN2 CopyRight2023StanislasBanda

Les habitants de Nguéréngou entretiennent avec la terre, avec les arbres, les rivières, la végétation et les collines des relations dont les banguissois ne connaîtront jamais l’équivalent. Il m’a été donné de constater cette forte dissemblance. Ainsi est-il loisible à quiconque ayant la perspective d’un retour vers le natal d’entrevoir, ailleurs qu’à Bangui, une autre configuration des possibles …

À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Retour numérique !!!

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Me voilà de retour. Mon séjour en Centrafrique a duré près de quatre mois.

Je vous souhaiterais avant tout mes meilleurs vœux pour cette année 2023. Je n’ai pas pu le faire parce que j’étais dans l’arrière-pays avec quelques difficultés de communication avec l’extérieur.

SOYONS POSITIFS.

Nous avons toutes les raisons de l’être si l’on se donne juste la peine d’éviter les oiseaux de mauvais augure.

En Centrafrique, je n’ai pas rencontré l’enfer tant décrié par les réseaux sociaux de notre diaspora. J’ai retrouvé notre pays en pleine reconstruction.

   Bien sûr que notre pauvreté est désespérante ;

   Bien sûr que la lenteur des réalisations est démoralisante ;

   Bien sûr que le niveau sanitaire est attristant ;

   Bien sûr que notre école n’est pas digne de la république ;

   Bien évidemment, tout cela a un impact sur le comportement des centrafricains ;

   Et bien entendu, il a fallu que je m’acclimate, que je change de logiciel afin de mieux comprendre cet environnement et la psychologie des nôtres. C’est à ce prix que j’ai retrouvé une paix intérieure nécessaire à mon implication.

J’ai vécu une expérience exaltante dans mon pays, dans l’arrière -pays. À Nguéréngou, une localité située à 30 km de Bangui la capitale de Centrafrique, j’ai mis en place un centre éducatif éphémère. J’espère le rendre permanent bientôt.

Je vous avoue que de revenir en France est émotionnellement pénible. J’ai laissé derrière moi des enfants, beaucoup d’enfants, énormément d’enfants dans un besoin absolu.

Mais ce n’est que partie remise. 

J’ai rajouté une rubrique supplémentaire « Nguéréngou » au menu de ce site. Je vais juste donner un peu de visibilité à cette localité centrafricaine où j’ai décidé de m’impliquer.

Sinon mis à part le froid hivernal, je vais bien.

En photo, un rapace centrafricain que j’avais surpris en pleine chasse de lézard. Lui aussi devait se demander les raisons de ma présence.

À bientôt

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Le cri du coq !!!

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Pourquoi le coq crie-t-il tous les matins ? Il ne nous connaît pas et pourtant il prend soin de nous réveiller, de nous inviter à passer à l’action.

J’ai choisi délibérément une certaine forme narrative pour vous parler de mon pays. Mon but étant d’offrir aux centrafricains de l’authenticité, de la beauté… J’espère me démarquer un petit peu du récit des réseaux sociaux, qui eux, pas tous mais beaucoup parmi eux, ont apparemment reçu une mission tacite de dénégation du fait sociétal centrafricain. À chaque publication, ceux-là échouent à faire passer notre esthétique sociologique. La langue qu’ils emploient est pleine de noirceur sur laquelle la jeune génération ne pourra jamais s’appuyer. Je suis moi-même quelquefois invité à leur table comme un bout de fer le serait avec un aimant. Mais nous sommes le jour et la nuit, notre rencontre se révèle impossible.

Nous ne devons pas faire de la fatalité notre récit de référence. Voir le bout du tunnel est le seul apanage des entrepreneurs. Notre pays n’a pas besoin de gémissants. Les problèmes de notre pays conservent toujours leur pouvoir de convocation. Il faut y répondre, non pas seulement de manière politique mais plutôt dans le style des pionniers : bâtir notre terre centimètre après centimètre, pierre après pierre… Nous devons ancrer nos rêves culturellement et territorialement. C’est parce que j’ai croisé les enfants de la guerre plus souriant que moi qui revient du Fort Knox occidental, que je dois maintenant partager leur combat au quotidien. Car eux, connaissent le prix de la vie. Nous ne devons pas nous tenir indéfiniment loin de la scène. Quittons le fond de la classe et embrassons le risque salutaire, que dis-je ? l’épopée salutaire. C’est le seul moyen de mettre fin à nos effusions oratoires. Que ce soit à la campagne ou à la ville, la vague de l’émergence nous ramènera tous à bon port.

D’aucuns disent : « Dans le pays, il y a trop de magouilles ». Mais franchement, dites-moi, dans quel pays, il n’y en a pas ? Il est souvent dit qu’il y a trop d’inégalité. Et oui, c’est le propre du monde. C’est vrai qu’il n’y a qu’à voir comment les rejetons de notre « Jet society » s’affichent sur la toile pour comprendre que la misère a choisi le camp de la majorité. Pour moi, il ne s’agit pas de déposséder ce petit monde-là car personne ne rêve du monde d’en bas. Il s’agirait plutôt d’agrandir ce petit monde au plus grand nombre. Je me rappelle encore de ce jeune croisé au lycée français Charles de Gaulle à Bangui. Il faut signaler que la majeure partie des jeunes de ce lycée sont issus de la classe de privilégiés centrafricains. Ce jeune me disait avec cette arrogance propre à son milieu qu’il se retrouverait certainement en France l’année suivante. Je suis heureux pour lui qu’il ait la certitude de la réalisation de son rêve. Dans un premier temps, j’étais intérieurement outré. Mais ensuite je me suis dit que tous nos enfants devraient avoir ce type d’insolente assurance sans pour autant avoir la France comme seule destination.

J’aurais pu choisir de montrer le Bangui 2.0 mais honnêtement, laissons cela à nos enfants qui ont besoin d’assouvir leur égo. Nous avons, quant à nous autres, à montrer plutôt l’évolution des chantiers entamés histoire de faire exemple… Je ne suis pas le premier à entamer ce mouvement de retour vers le pays. Beaucoup d’entre nous de la diaspora l’ont déjà fait. Il faut l’amplifier et en parler pour faire des émules. À partir du moment où on commence à considérer notre pays, la misère est condamnée. La seule dialectique que nous devons avoir en tête, c’est le refus de l’aliénation économique afin de retrouver notre dignité par notre travail. Nous n’avons pas tous la même projection certes. Mais ce qui est important c’est que chacun se pose sa question initiale… Celle qui nous pousse à réactualiser nos rêves.

Bangui doit être comme beaucoup de capitales africaines. On aime ou on n’aime pas. Dès que j’ai pu faire un pas en dehors de Bangui, la beauté du pays m’a saisi. Celle qui te fait revisiter tes certitudes. Celle qui répare ta méconnaissance sur ta propre richesse. On accède tout d’un coup à des rapports sociaux dans un espace mental sain. La réalité culturelle et identitaire ne fait plus obstacle. Si je me présente comme un Banda, l’autre me dit qu’il est Gbaya et on continue à deviser fiers de notre diversité. Mon espace didactique s’est bonifié.

À partir d’aujourd’hui, je vais espacer mes publications. Je m’en excuse d’autant plus que j’avais encore beaucoup de choses à partager avec vous. Mais voilà, il faut un temps pour tout. Il va falloir maintenant penser et préparer le voyage suivant. En attendant, je vous dis à la prochaine. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Centrafrique : La viande de brousse !!!

 Je vous ai déjà parlé de la vie des arbres en Centrafrique. Je vous ai aussi dit que leur transformation en charbon était dans un but de consommation domestique. Maintenant, vous allez savoir pourquoi exactement on utilise le charbon.

Étant donné qu’il n’y a pas de superette dans nos campagnes pour nous approvisionner en barquette de viande, nous ne pouvons compter que sur le chasseur. Lui seul peut nous livrer nos acides aminés essentiels, notre indispensable source de protéines. Vous remarquerez que j’ai dit chasseur et non braconnier. Parce que ceux que j’ai pu croiser répondaient à des demandes vitales de la collectivité. Ils ne sont pas en violation des pratiques ancestrales de leur communauté.

Ils utilisent essentiellement des pièges au collet.

Voici un piège à collet

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Je ne l’aurais pas remarqué sans la disposition particulière des cailloux. D’ailleurs on distingue à peine le fil utilisé.

J’ai croisé ce type de piège en traversant la savane. Il est fait avec soit un fil métallique quand c’est possible sinon avec de la matière naturelle filée ou tressée pouvant servir pour le nœud coulant. Celui-ci, dissimulé dans les herbes, est posé sur le passage des petits animaux.

Tout le long des pistes, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de remarquer que les locaux utilisent aussi des filets de chasse. Le chasseur élargie ses possibilités.

Voici un filet de chasse

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Comme pour la chasse au collet, la chasse aux filets fait aussi partie des chasses traditionnelles. Il y a deux groupes de chasseurs dans ce cas de figure. Il y a les postés qui se positionnent devant le filet et charge à eux d’achever l’animal qui viendra se prendre dans les filets. Et il y a les traqueurs, accompagnés par leurs chiens, qui rabattent les gibiers vers et dans les filets en poussant des cris et en frappant la végétation avec des branchages.

Au village, j’ai aussi assisté à la préparation des tapettes artisanales qui sont un autre type de piège…

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Je suis mal à l’aise pour parler de ce type de piège car il n’y a pas si longtemps j’ai dû en placer dans ma cave parisienne. Je n’ai vraiment rien contre les rats mais je crois que la vindicte populaire autorise encore et toujours ce type de barbarie partout dans le monde.

Il reste d’autres types de chasse : à tir, à la flèche, à la lance… Mais il m’aurait fallu faire plusieurs articles et franchement je n’ai pas le temps nécessaire.

Doit-on rendre grâce à la chasse de subsistance qui contribue à faire de nous des êtres raisonnés ou bien faut-il encenser l’élevage de masse pour répondre à notre orgie carnassière ? C’est une équation insoluble. Car manger est une transgression nécessaire. Toutes les espèces existantes, animale, minérale, végétale, sont prédatrices. La vie dépend de cette gloutonnerie.

Je vous ai mis la photo d’un collet prise lors d’une de mes excursions dans la savane centrafricaine. Dès que je l’ai vu, instantanément, j’ai eu le sentiment d’une agression contre nature. Et pourtant, dans ma jeunesse, je posais des collets. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Le fait d’avoir vécu longtemps en Europe a reconditionné mon logiciel. Acheter ma viande en barquette au supermarché m’a déresponsabilisé de cette entorse vitale.

Manger ne doit pas l’être au radar. Dans le village où j’ai été, seuls les produits de premières nécessités étaient vendus au bord des pistes : sel, huile… Pas de superette pour s’approvisionner en viande. Seule manière d’en avoir, c’est qu’elle soit proposée par un chasseur. Donc l’approvisionnement a un caractère aléatoire. Il n’y en a pas pour tout monde. Et de surcroît, on n’a pas le choix.

C’est donc pour cela qu’on utilise le bois, le charbon car sinon on devrait manger cru sa viande et ses légumes. Le fagot de bois a besoin de clients à griller.

La viande, produit des différentes chasses, peut alors se décliner :

  • En Biche
  • En rat, en agouti, en sibissi…

Voici un agouti prêt à l’emploi

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Un jour, en me rendant dans mon champ, je croise deux enfants, d’une dizaine d’années environ, qui longeaient une case et portant chacun un récipient. C’était à l’heure où plus aucun adulte ne traîne dans le village.  Je leur pose la question, « qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? ». Ils me répondent « nous allons manger ». « Et qu’est-ce-que vous allez manger ? ». Le plus âgé des deux me répond exactement : « Nous avons préparé un cœur et des viscères de serpent ». Je suis resté bouche bée car mon nouveau logiciel interne avait du mal à traiter l’information. Normalement ces choses-là ne devaient pas m’ébranler. Elles sont dans ma mémoire ancienne. Mais voilà, avoir vécu des décennies en Europe change la donne. J’ai emprunté une sensibilité occidentale qui altère ma placidité. Ça me rappelle, une autre fois nous marchions à la queue leu leu sur une piste dans la savane, je fermais la marche. Devant moi, il y avait quatre enfants. Nous allions rejoindre leurs parents dans les champs. Celui en tête de marche avait aussi sa petite machette qui lui servait entre autres à taillader des branches qui viendraient à encombrer la piste. D’ailleurs c’est ainsi que tout usagé de piste fait pour entretenir les pistes, un peu comme les concessionnaires d’autoroutes en Occident. Car les herbes et les branches peuvent très vite devenir infranchissable. Et sans m’y attendre, le garçon de devant dit à haute voix « SERPENT ». Tous les enfants ont continué à marcher normalement. Le seul à avoir fait un bond désordonné, c’était moi. Le garçon avait juste secoué sa machette dans les herbes pour faire déguerpir le serpent en question. Pendant que je regardais partout en ayant mille interrogations dans ma tête, les enfants poursuivirent leur conversation comme si rien n’était. Ils étaient, eux, pieds nus et moi j’avais mes chaussures montantes de baroudeur. No comment.

  • La viande se décline aussi en serpent
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  • En oiseau…
  • En rat palmiste
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Dans le village, on mange de tout. Ma posture d’écologiste a été mise à très rude épreuve. Il s’agit bien du principe de réalité dont je parlais récemment. Dans ces conditions, manger redevient un acte responsable. Pour le gibier à poil, il faut d’abord brûler soi-même les poils, le dépecer et vider ses entrailles (je n’ai pas dit mettre à la poubelle), découper, conserver ou non les extrémités, têtes comprises. Il est très rare que le gibier soit dépouillé de sa peau. On le fait cependant pour certains gros gibiers. Et c’était une corvée qui me revenait quand j’étais enfant : On me demandait alors de pratiquer une incision autour des pattes. Puis à l’aide d’une tige de roseau que je glissais entre la peau et la chair, je soufflais très fort pour installer de l’air entre la chair et la peau, ainsi cette dernière pouvait se décoller plus facilement au passage du couteau.

Revenons à un passé plus proche. Un jour, au village, c’était à mon tour de préparer à manger, puisque que je me targuais d’être un bon cuisinier. En temps normal, les femmes ne m’auraient jamais laissé faire à manger, parce que j’étais considéré comme un invité. Mais cette fois-ci, on voulait bien voir « le parisien » à l’œuvre. Sauf que j’ai commencé à trainer des pieds quand j’ai vu le petit gibier arrivé. Ma nature habituellement déterminée s’était émoussée entre temps. Et oui, j’ai maintenant l’esprit écologique chevillé au corps. Vouloir protéger la nature n’est pas sans conséquence.

Ce gibier-là n’était pas une barquette de la superette, ni une pièce de viande préparée par le boucher. Avant que je ne puisse réagir, un enfant s’est emparé de la bête et la jeter sur le feu pour le pré-préparer. Et il y avait une raison à cela : pendant que je trainais, le feu de bois se consumait et on gaspillait du bois et ensuite on ne fait pas de chichi dans ces lieux.

J’ai ainsi pu renouer avec des pratiques que l’«EuroBlack » avait enfui au plus profond de lui. La viande devenant un produit rare, on s’oblige à ne rien gâcher. On mange tout sans rien laissé. On gratte l’os. On ronge les articulations, aucun bout de tendon ne doit subsister. On vide entièrement tous les os de leur moelle. Quand la tête est préparée, son équarrissage intérieur et extérieur doit être total. Je vous le dis, manger de la viande devient un acte à haute valeur comptable ajoutée. Cette prise de position n’est pas du tout difficile car tous les travaux sont physiquement exténuants. Donc au moment de manger, on ne demande pas son reste. Chaque individu sur cette planète, qui encense la globalisation et la mondialisation, devrait avoir vécu ce type d’expérience avant de balancer de grandes théories.

C’est dans ces campagnes que tout responsable politique pourra trouver tous les éléments de motivations possibles : vision de développement économique, vision de l’éducation, de la santé, de la culture, de la défense, de la protection sociale, de l’environnement écologique et j’en passe.

J’ai vécu lors de mon séjour un apprentissage vicariant. Expérience nécessaire pour moi qui voulait changer rapidement de logiciel. Très souvent aussi, il s’agissait juste de réactiver des acquis que mon éloignement de la terre-mère avait enfoui dans mes profondeurs puisque je devais vivre d’autres expériences. Maintenant que j’ai repris mes marques, il va falloir maintenant s’occuper des enfants.

La mondialisation et la globalisation ont redistribué d’autres cartes en dépit du bon sens humanitaire. Nous devons changer nos attitudes face à ce nouveau choc des civilisations qui ne présage rien de bon pour nous africains. Nos discours argumentés et tonitruants ne changeront rien à la donne. Nous devons tous abandonné notre chaire d’analystes. Seule la reprise en main de notre territoire conféra à nos attentes du sens. Faisons de nos atermoiements notre seul ennemi. Nous devons mettre fin immédiatement au caractère normatif et tiers-mondiste de nos pays en sous-développement. Pour cela, il faut accompagner nos enfants, en faire des citoyens pour qu’ils soient en capacité plus tard de voter et de s’engager en toute clairvoyance. Nos enfants ne doivent pas mendier comme l’ont fait leurs parents et grands-parents. Ils doivent cesser avec les aides, les subventions extérieures, les organismes de charité et autres. Toutes ces choses qui nous enlèvent la fierté d’être. Ce combat doit être mené à tous les étages de la nation. Chacun choisira le niveau qui lui conviendrait le mieux. Il faut avoir une juste appréciation : Notre résistance a été malgré tout collective car elle ne date pas seulement d’aujourd’hui. Il faut le rappeler de temps en temps. Elle est à la hauteur de toutes les barbaries que nous avons subies jusqu’à présent mais aussi des humiliations persistantes. Seule la réussite n’a pas été de notre côté, à cause aujourd’hui de quelques brebis galeuses. Nos anciens ont déjà théorisé la domination subie. Les espaces de réflexions, aujourd’hui, existent à profusion. La seule chose qui a manqué et qui manque encore, c’est un positionnement radical en rupture complète avec le déterminisme. Pour ma part, j’ai choisi le rez-de-chaussée pour ne pas dire la cave. Car on y meurt en silence sous la canopée beuglarde ou indolente de nos élites africaines. Chacun doit s’émanciper de ces sempiternelles analyses virtuelles responsables de nos tétanies. Laisser les nôtres mourir dans l’indifférence, c’est le danger encouru quand on prend goût au verbe.

À très bientôt. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

La moto en Centrafrique – Épilogue !!!

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Saugrenu go fast mortuaire !!!

Quiconque constate un décès, précise le lieu du défunt. Ceci afin de trouver la société de pompes funèbres de proximité pour s’occuper des démarches. En Centrafrique, on découvre plutôt la vétusté des entreprises mortuaires. On trébuche sur des anachronismes : généralement le requérant utilise plutôt les services de particuliers en négociant leurs pick-up ou alors les taxis-brousse pour le transport des corps. Et pour un coût élevé car chacun a des obligations. L’immobilisation d’un véhicule en Afrique à un coût financier certain. L’heure n’est plus aux sentiments ancestraux nobles.

Le choix de maintien du corps dans le domicile du lieu en attendant une solution n’est pas possible. Car un corps se décompose. Les soins de conservation dans une chambre funéraire auraient pu être une solution idéale sauf qu’il n’en existe pas dans l’arrière-pays. Par exemple à l’étranger, pour répondre à ce type de besoin, les pompes funèbres peuvent proposer une table réfrigérante mortuaire pour la présentation et la conservation du corps dans un lieu comme le domicile. Mais même à Bangui la Capitale les places à la morgue sont limitées.

D’ailleurs quand on stationne devant l’hôpital communautaire, on est pris à la gorge par le nombre important de sortie de personnes décédées.

Ensuite se pose la question de quel cimetière pourrait recevoir le corps. À Bangui, le cimetière de Ndrès est saturé. Il circule même l’idée de le raser. Mais pourquoi ? S’il est saturé, il suffit d’en ouvrir un autre à l’extérieur de la ville. Pour vous donner une idée, la Centrafrique c’est grand comme la France et la Belgique réunies et pour à peine 5 millions d’habitants. Donc la question de la place ne devrait pas se poser. Qu’est-ce qui se joue au point de commencer à manquer de respect aux morts ?

Si cette ignominieuse idée se réalise, je ne suis pas loin de penser que ces hectares de terrain seront réattribués comme par hasard aux privilégiés de la nation. Comme cela s’est produit du côté de Ouango où des locaux non fortunés ont été délogé de leurs propriétés et de leurs champs au profit de toujours les mêmes.

C’est dans ce contexte là que je vais vous conter une histoire pour éclairer l’émergence d’une nouvelle pratique :

Une famille de la capitale est informée par téléphone portable de la mort du père de famille survenue quelques heures plutôt en province. Il est donc question de rapatrier urgemment le corps du défunt. Pour la simple raison que sa femme et ses enfants sont dans la capitale. Et c’est là qu’il serait logique de lui rendre un dernier hommage entouré par sa famille proche et ses amis.

Le temps pressait. Tout le monde est acculé à une bonne prospective. Plus le temps passe et vite le corps se décompose. Les rares personnes possédant un véhicule utilitaire Pick-up demandaient une somme astronomique pour ramener le corps vers la capitale. La famille n’avait pas les moyens. Elle se retourne vers les taxis-brousse. Mais là aussi cela semblait difficile même s’ils ont l’habitude de ce genre de transport. En effet, généralement ils reviennent vers la capitale, chargés à bloc de passagers et de colis. D’où la difficulté de caser un mort.

Aussi la famille s’est rabattue vers les taxis-moto. Ah ! Vous voulez savoir comment est-ce possible ? Je vais vous dire ce que je sais. Plusieurs motards ont été approché. Systématiquement ils ont refusé. Car tous trouvaient l’idée saugrenue. Il s’agit tout de même d’une demande qui suscite quelque inquiétude. Mais comme c’est souvent le cas, l’argent arrive toujours à plier le plus vertueux. Un motard, après une solide négociation financière, accepte de faire le job. C’était la fin de la journée et il fallait faire vite. Les obsèques doivent absolument avoir lieu le lendemain matin.

Il fallait ensuite trouver le comment faire. La moto n’a pas de remorque. Çà n’est pas non plus un side-car, auquel cas il suffirait d’installer le corps dans le panier. Il n’était pas question non plus de le fourrer dans un grand sac qu’on attacherait sur le porte-bagage. Sacré dilemme.

La seule solution était que le corps puisse voyager comme un passager normal. Comme il est sans vie, il fallait juste l’arrimer. La première idée qui viendrait, c’est de fabriquer un dossier sur lequel pourrait être caler le corps. Mais non, les routes africaines sont en trop mauvais état pour pouvoir offrir un voyage sans encombre. L’élément le plus sûr dans cette équipée reste le pilote. Celui-ci s’installe sur sa moto. Le défunt est placé derrière lui. On attache le mort au motard. Un lien maintient le buste du mort bien collé au dos du motard. Les bras du mort sont attachés parallèlement aux bras du motard. Les jambes du mort attachées aux jambes du motard. Pour finir, une longue branche de palmier est fixée verticalement sur la moto pour bien signifier qu’il s’agit d’un convoi mortuaire.

Dans la pénombre de la nuit naissante, le motard lance son engin à l’assaut de la savane africaine. Le voyage sera long. Ils doivent arriver au lever du jour dans la capitale. Il n’y a pas de lampadaire sur les pistes centrafricaines. En sus, le pilote devra éviter tous les nids de poule. Une chute dans ces conditions ? IMPENSABLE. Je n’ose pas imaginer le déploiement de tout le noir obscur sur leurs têtes et l’abnégation de notre motard. Caressé par les ombres menaçantes qui alimentent ses peurs hors de contrôle, galvanisé par l’enjeu (que cela finisse vite), allégé de tous ses problèmes existentiels, le motard ne s’est pas arrêté. Mû seulement par le désir de se débarrasser de son fardeau, il traça à la lumière du phare de sa moto sa ligne d’ariane tortueuse à travers la savane africaine à l’heure où les lions dormaient.

Çà n’était certainement pas un moment de solitude. L’autre était là sans être. Omniprésent dans le dos. « Tu m’as parlé ? », « non », « tu m’as touché ? », « Non ? ». « Arrête de bouger ! ». Fidèle à son vœu de silence, son compagnon n’avait pourtant pas répondu. Notre motard, délire-t-il ?  Ou alors s’invente-t-il juste une compagnie participative ? S’il y a en lui quelque chose de téméraire, c’est bien son abnégation à faire, non pas ce qu’il sait faire, de la moto, mais de le faire volontairement en compagnie de la mort. Ce qui semble moins compréhensible pour nous autres qui pensons que le motard passe sa vie à éviter la mort. Non, il a trucidé le peureux qui est en lui. Fût-ce jusqu’en enfer, il fera l’effort exigé, c’est son vœu le plus ardent. Pur manichéisme ? Je n’en sais rien. En tout cas, il poursuivra son périple dans cette nuit noire qui lui offrira quelques sombres forêts, histoire de pimenter un peu la charge émotionnelle.

Au clair-obscur du matin, l’équipée arrive sans encombre (pourtant il y avait un encombrant) à la barrière de contrôle de route de l’entrée de la capitale. En général, les agents de l’état, policiers, douaniers, qui sont toujours prompts à faire les poches des routiers n’ont pas traîné comme de coutume. Sur ce coup, ils étaient dépassés. Ils ont très vite levé leur barrière et laissé passer le cortège.

Le motard livre le défunt à sa famille. Quand il rentre chez lui, il hurla que personne ne l’approche. Il doit se débarrasser de tout ce qu’il avait porté sur lui. On doit brûler ses habits. Ensuite il doit se laver avec une médecine africaine dans l’esprit des anciens avant de reprendre contact avec la communauté. Cette sorcellerie vise à l’alléger d’une éventuelle influence de sa dernière fréquentation. La même eau a été utilisée pour laver la moto. Est-ce une pratique mystique pour donner du crédit à son aventure ? Soyons bien d’accord, il ne vous viendra quand même pas à l’idée d’aller serrer contre votre poitrine ce motard pour le féliciter d’avoir accompli cet exploit !!! Superstition ? En tout cas la mort a cette vertu de nous calmer de l’idée que l’on se fait de nous-même, nous rappeler notre mortalité.

Mais en attendant, le mortel (non, le motard) (c’est la même chose de toute façon) a gagné son combat. Il se contenterait dorénavant comme nous tous d’un modeste halètement, notre indispensable bise naso-branchiale, juste histoire de ne pas oublier seulement combien ce petit-rien est nécessaire. Et que c’est bien de respirer.

Cette histoire-là, n’est pas unique. Il se rapporte aussi qu’au cours d’une semblable équipée, dans un autre espace-temps, qu’il y a eu un accident de route et qu’une des jambes du défunt fut brûlée par le moteur de la moto.

Je vous le dis, voyager en moto en Centrafrique, n’est pas vivre un long fleuve tranquille.

En photo, un autre lézard de Centrafrique.

À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Centrafrique : Musique otage de la foi !!!

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La musique est le moteur de l’engagement. Elle se conjugue avec la liberté. Mais quand elle se fait confisquer par la foi, qui par essence est sectaire, cela pose un vrai problème.

Dans ces conditions où le musicien trouvera-t-il la force de traduire son environnement en toute indépendance ?

La musique est un art, une discipline culturelle. Elle donne lieu à des conceptions et des portraits. La démarche musicale est avant tout inhérente, dans le sens qu’elle existe chez l’artiste avant même d’être entendue. C’est sa forme première d’expression individuelle qui traduit aussi sa liberté.

Elle se présente aussi comme un symbole de l’expression communautaire. Donc elle a en charge le transfert sociologique en étant le ferment de la convergence des tribus républicaines. Il s’agit de sa requête extrinsèque.

Dans tous les cas, elle est productrice de plaisir.

La définition que Pythagore donne de la musique est très intéressante et est la suivante : Elle est une conjonction des antipodes, un fusionnement des multiples et une accordance des antagonistes.

La musique est une activité de la conscience qui n’est pas sous tutelle. Voilà pourquoi elle ne peut être confisquée par la foi. À la limite, la foi peut profiter du transport.

La foi renvoie au fait de faire confiance en quelque chose sans poser de question. Le musicien ne peut, quant à lui, être entravé dans son expression.

Dans les temps anciens, certaines notes (l’accord du diable) n’étaient pas en odeur de sainteté et l’on voyait d’un mauvais oeil le musicien qui les jouait. Et pourtant les musiciens se sont affranchis de cet interdit de l’église. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui, n’importe quel bébé voulant s’adonner à la musique, exige déjà d’être biberonné au « Triton, le fameux diabolus in musica ». Arnold Schonberg avait failli y laisser sa peau pour ses prises de liberté, pour s’être affranchi de la pensée unique. Ce qui permet à la musique d’aujourd’hui d’avoir un spectre large. Alors pourquoi, nos musiciens centrafricains vont-ils en contre sens de cette liberté ?

Il y a quelque temps déjà que je vous ai entretenu de l’évasion continentale de nos artistes. Ceux qui ne l’ont pas encore fait entretiennent cheville au corps cette idée d’expatriation.

Sur place, il n’y a plus de résidence comme l’avaient dans le temps les groupes phares comme Makembé, Centrafrican-Jazz, Le formidable Musiki, Canon stars et autres… Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la musique n’a pas du tout rendu l’âme. Je parle de musique urbaine, celle qui est l’élue dorénavant de toutes les classes sociales au détriment des autres musiques telle la musique ethnique. Les religions ont récupéré la musique urbaine pour en faire sienne. L’instrumentation musicale des groupes religieux est exactement celle des groupes d’antan tels Makembé, Centrafrican-Jazz, Le formidable Musiki, Canon stars et autres. La seule différence est l’utilisation des textes et paroles religieux. Il suffit de parcourir les quartiers la nuit et tendre l’oreille pour écouter la diffusion anarchique de ses musiques. En effet, les veillées mortuaires sont légion et leur animation est exclusivement religieuse. Dans chaque quartier, il n’y a pas moins d’une dizaine de lieu de célébration religieuse. On éprouve le sentiment ambivalent d’être en présence d’une musique fusion foi chrétienne et pratique païenne.

Quelques dizaines d’années plutôt, personne ne pouvait s’acheter un instrument de musique à Bangui faute de distribution. Aujourd’hui, tout le long des voies de circulation, les boutiques de vente foisonnent ; on y trouve tous les essentiels de la sono et autres. Cette profusion d’instruments de musique est à double destination : l’animation religieuse et l’animation de débits de boisson.

Je formule les hypothèses explicatives suivantes : la dizaine d’années de crise subie par les centrafricains a laissé des stigmates. La nécessité d’une autre protection, divine, était devenue incontournable. Mais aussi certainement le besoin de retrouver un apaisement intérieur. Et bien entendu, s’il y a besoin, de brandir sa croyance comme une glaive contre l’envahisseur.

Et si l’on ne croit pas à un tout puissant, on peut fréquenter un autre lieu dédié : les bars à débit de boissons. On y trouve toutes les musiques confondues. Religieuse et païenne. Fusion oblige.

Alors la question que l’on peut se poser : Mais qui sont les musiciens qui réalisent les musiques non religieuses ? Et c’est là que cela devient intéressant ; On retrouve très souvent les mêmes musiciens sur la musique païenne et la musique religieuse. NO COMMENT…

Sinon, les musiciens ont tous à la bouche : « il me faut un appareil de programmation ». Et oui, dernière cette façade de communauté, chacun veut faire son truc. On n’a pas forcément envie ou plus envie de se taper les répétitions à l’ancienne comme à l’époque où la musique se pratiquait comme du sport. Aujourd’hui place à la virtualité. Réalité augmentée ou virtualité augmentée ? Nous savons tous désormais que l’on peut produire son disque, sans avoir appris et pratiquer de la musique. Il suffit de confier son désir à un algorithme musical et le tour est joué.

Notre musique, non religieuse, que je qualifierais de païenne n’a plus aucune originalité. Mais il n’y a rien d’étonnant à cela car toute l’Afrique subsaharienne est sous influence de la musique nigériane et ghanéenne. Alors qu’on se défendait de ne pas être sous la coupole de la musique congolaise, nous voilà maintenant, sous prétexte d’être dans son temps, à courir derrière d’autres influences.

Et pendant ce temps, notre patrimoine tombe inéluctablement en désuétude faute d’exploitation. Je parle de notre culture plurielle qui aurait pu pourvoir notre créativité.

Pour conclure, je pense que toutes les musiques peuvent coexister en Centrafrique d’une part. Ensuite si la question de la sécurité territoriale se résout, notre culture plurielle pourrait (re)gagner en rayonnement. En attendant, un coup de pouce est nécessaire pour nos artistes. Ce sera la preuve d’une maturité démocratique car un artiste libre est un veilleur et une preuve de vitalité républicaine.

L’hémorragie culturelle centrafricaine doit s’arrêter. Il y a trop d’artistes centrafricains transfuges. Je m’excuse auprès de mes amis artistes pour ces propos crus mais nous devons faire acte d’introspection routinière afin de renouveler notre feuille de route.

Pour ma part, mes amis m’attendent au pays pour poursuivre ces réflexions. Honnêtement je ne sais pas où tout cela pourrait déboucher. Mais il est un fait certain, c’est que les choses ne peuvent se régler que sur place. Chacun doit apporter sa contribution aussi modeste soit-elle pour panser les plaies nationales.

En photo, un lézard de Bangui.

 À très bientôt. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama ba

Reprise d’activitée !!!

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Je suis ravi de vous retrouver en cette année 2022 et vous souhaite à tous une excellente rentrée.

Beaucoup de choses se sont passées pendant mon absence. En Afrique centrale où j’ai été, la situation, tant politique, économique, sociale qu’organisationnelle, connaît des changements profonds.

J’ai réussi à bien déconnecter. Çà n’était pas que des vacances, mais j’ai passé mon séjour en tant qu’observateur engagé avec plaisir et sans stress. Mon rythme avait changé.

Je n’ai rien fait de ce que j’avais prévu mais j’ai fait énormément de choses que je n’avais pas prévu.

C’est un paradoxe, certes, mais très utile néanmoins pour une meilleure compréhension africaine.

L’Afrique est un continent en plein réveil, en plein devenir. Elle offre de meilleures promesses d’avenir comparativement aux autres continents. Voilà pourquoi, elle subit et continuera à subir des coups de boutoir de tous les côtés. Si l’on s’y rend avec des lorgnettes occidentales, on a tout faux. Il faut s’y rendre pétri d’amour pour en percevoir la quintessence. Pour le reste, seul le travail paie.

Reprendre le rythme d’ici se révèle un peu compliqué pour l’instant. Je vais prendre mon temps pour traiter la masse d’infos ramenées en allant d’abord à l’essentiel et en hiérarchisant les priorités.

Suis-je toujours légitime et à ma place dans ce que je fais ? Sers-tu à quelque chose ? Voilà des questions simples que l’on peut se poser en ce début d’année, histoire de se faire quelques promesses et s’en souvenir tout au long de l’année, une sorte d’éphéméride ou d’almanach de route.

Reprendre le contrôle de mon agenda nécessite une nouvelle organisation car mes priorités ont changé. Mais je vais éviter une transition trop brusque.

J’ai ramené quelques pépites (non, je n’ai pas d’or) à partager avec vous. Mais c’est tout comme.

L’oiseau en image est une photo prise chez moi à Bangui en Centrafrique dans un manguier. Il s’agit visiblement d’un martin-pêcheur dont la présence dans ces lieux fut une surprise. Je dis visiblement car l’identification des oiseaux fait partie des attributs physiques, écologiques et moeurs qui sont les clés de la caractérisation des variétés. La discrimination entre espèces se fait notamment par la physionomie extérieure. C’est pourquoi j’opte pour un martin-pêcheur. Celui-ci est à mi-chemin entre le martin-pêcheur d’Europe et le martin-pêcheur de Smyrne. Ce qui était surprenant, c’était de le retrouver loin des cours d’eau.

À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Renard roux !!!

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Aujourd’hui, lors de ma balade, sortant d’une forêt je débouchais sur une plaine. Au loin, à la lisière, quelque chose a bougé imperceptiblement. D’abord j’ai cru à un chat ou à un chien. Il m’observait. Sans geste brusque, j’ai dégainé mon APN pour m’apercevoir au téléobjectif qu’il s’agissait d’un renard roux. Il était 12h40 environ. Il est reparti tranquillement lorsque j’ai décidé de faire mes mises au point. C’était une belle rencontre.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Cormoran égaré dans la ville !!!

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Il est vrai que depuis deux ans, des animaux sauvages s’égarent de plus en plus en ville. Aujourd’hui, je me suis quand même interrogé de voir cet oiseau aquatique s’aventurer ainsi en zone urbaine. Mon attention fût attirée par un mouvement en plein milieu de la rue au loin. Une voiture s’était arrêtée pour ne pas percuter ce qui semblait se déplacer lentement avec une certaine assurance. Je m’étais rapproché assez rapidement tout en dégainant mon appareil photo. Et surprise, c’est un cormoran, loin de son espace habituel. Tranquillement, il observait les lieux. Le temps pour moi de prendre quelques photos, et le voilà qui reprenait son envol.

Ce soir, en scrutant ma photo d’un peu plus près, il s’avère qu’il se trimballe un fil de pêche qui pendouille de son bec.

J’en ai déjà photographié de nombreuses fois à la mer, dans des arbres au bord des lacs ou de retenues d’eaux mais c’est la première que je le fais dans ces conditions en pleine ville.

C’est quoi son histoire ? On ne le saura jamais.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

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