SingoBingo @rt

Just for sharing

Catégorie : Standards musicaux centrafricains

Mr David GANGUÉ le balafoniste !!!

CopyRight2021StanislasBanda

Lors de mon récent voyage en Centrafrique, j’ai rencontré Mr David Gangué, Balafoniste, par le biais de mon neveu Christian Zoungao, lui-même émérite danseur et percussionniste traditionnel Centrafricain.

Mr Gangué, comme la plupart des artistes centrafricains, est frappé par la réalité économique. Contrairement aux autres, il n’a pas mis au clou son instrument. Il en parle tantôt comme une prolongation de lui-même, tantôt comme un compagnon de route. Son immense humilité m’a désarçonné. Il m’a accordé plus d’importance qu’il ne faut. C’est un soliste. Il a donc quelque chose à dire.

Je me suis présenté à lui en lui disant qui j’étais, d’où je venais… Lui a fait parler son instrument.

Avant de jouer, comme tout musicien, il règle son instrument. Il me joue d’abord une œuvre Yangba.

Il me dit « Bangui, c’est comme Paris, je suppose. En tant qu’artiste, quand tu rencontres la musique banda, tu l’apprends. Quand tu rencontres la musique Tali, tu l’apprends. Quand tu rencontres la musique Pana, tu l’apprends. »

Puis il me rejoue Takélépou, une pièce banda de Bambari. Il dit avoir pris son temps pour l’apprendre afin de la réjouer, lui qui n’est pas banda.

Il me joue une autre pièce qu’il nomme « le soumalé des Gbaya ». Il me dit exprimer des souffrances. Dixit : « Tu dois (dégammer), comme si tu as oublié la pièce pour que l’auditeur ressente la souffrance éprouvée pendant ta traversée de la brousse ».

Je lui ai dit, moi, ce que je pensais de la recherche personnelle, de la question de la réparation historique. Car pour moi, quelque chose s’est cassée qui justifie cette recherche archéologique de nos fondations. Que partager est un des autres aspects à prendre en compte. Car quand on voyage, la question « Qui êtes-vous ? », signifie « Qu’est-ce que tu m’offres ? ». La question est toujours posée dans la langue du pays hôte. Et quand la réponse est donnée dans cette même langue, l’hôte comprend aussitôt qu’il héberge un parasite. Et ton vis-à-vis se rend compte que tu n’as rien. Quand un français pose une question en français à un chinois. Celui-ci lui répond en chinois. Pour dire qu’il a aussi sa langue. La langue de ses anciens. L’américain pose une question en anglais américain à un arabe, celui-ci lui répond en arabe. Une question posée à un africain, celui-ci répond invariablement en Français… Nous avions médité un peu là-dessus.

Quand notre entretien est arrivé à son terme, il me demande de le raccompagner, lui jouant son balafon, comme le veut la tradition jusqu’au portail. J’étais plus qu’honoré.

CopyRight2021StanislasBanda

Le balafon est un instrument de musique à percussion mélodique que l’on trouve essentiellement en Afrique centrale. Il possède un clavier agencé par plusieurs lames de bois. Pour obtenir ses notes, le musicien percute ces lames avec deux baguettes au bout enduit d’une espèce de goudron résineux. Son accordage se fait selon une échelle diatonique. Cette échelle est habituellement heptatonique parce qu’elle comporte sept degrés. En enlevant les deux demi-tons de cette gamme on obtient la gamme pentatonique utilisée par notre balafon. Le préfixe « Penta » signifie cinq. Cela veut dire que le musicien utilise une gamme de cinq notes. L’amplification se fait à l’aide de plusieurs procédés. Dans le cas présent, des cornes, de zébu ou d’autres bovidés, sont placées comme résonateur sous chaque lame afin de majorer le son.

Ramené par les esclaves africains en Amérique, on l’identifie sous le nom de Marimba, nom d’origine bantoue d’ailleurs. Il a aussi engendré le xylophone occidental.

J’ai compris à la fin le pourquoi de tant de courtoisie que Mr Gangué avait à mon égard. Loin de moi l’idée qu’il ne soit pas courtois : Il souhaite que je prenne la responsabilité de leur donner de la visibilité. Et je me dis, pour que des personnes avec autant de talent puissent attendre quelque chose de moi qui n’ai rien, c’est qu’il se joue ici un grand désarroi culturel. 

Quand je l’ai appelé pour prendre de ses nouvelles, il m’a demandé de lui ramener un accordeur diatonique. L’idée farfelue que l’on a d’une soi-disant approche approximative du musicien traditionnel peut être enlevée au regard de cette demande.

 À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Bazi Abel alias Bojojo !!!

CopyRight2022StanislasBanda

Un matin, sans m’y attendre, Ringo Ngandalé m’appelle pour connaître mes disponibilités. Je lui avais répondu que j’étais à la maison et qu’il pouvait passer. Moins d’une demi-heure plus tard, il était là en me disant qu’il avait une surprise pour moi : Il avait retrouvé la trace de Bojojo et que cela ne tenait qu’à moi d’organiser les retrouvailles.

J’étais K.O. Bojojo était lui aussi toujours en vie.

Quand j’avais débarqué à Bangui (Centrafrique), bien évidemment, dans mes échanges avec Ringo, j’ai parlé aussi de Bojojo dont je faisais aussi écho de sa disparition dans mon article sur Ringo.

Ringo n’avait pas réagi plus que cela. Nous avons poursuivi notre conversation sur d’autres sujets.

Nous étions tous les deux excités de retrouver Bojojo. Dans le cas présent, je n’étais pas seul à penser Bojojo disparu. Visiblement plus personne ne l’avait revu depuis plusieurs années.

Nous devions d’abord prendre contact avec un de ses cousins, le seul pouvant nous conduire vers Bojojo. Nous avions attendu dans une propriété de la capitale pour pouvoir rencontrer ce cousin dans le milieu d’après-midi. Enfin nous avons pris le chemin du quartier Ouango où nous étions censés retrouver Bojojo. Une fois sur place, on nous fait comprendre qu’il était parti seul à la pêche avec sa pirogue et reviendrait certainement à la fin de la journée. Nous avons attendu en devisant.

Notre présence intriguait le quartier. Quand ils ont su que j’arrivais de France et que j’allais interviewer Bojojo, nous devenions un point focus. Difficile d’escamoter le matériel d’interview. Le temps passait et toujours pas de Bojojo. Quelqu’un va à sa rencontre et revient bredouille. La nuit tombait. Et je commençais à m’imaginer l’histoire du rayon vert. Ringo avait pensé qu’avec le temps la mémoire des visages pouvait faire défaut. Aussi avait-il préparé une surprise pour Bojojo : Chanter une chanson inédite de Bojojo qu’il était seul à connaître. Tous nos regards étaient tournés dans la direction par où il était supposé apparaître. Et contre toute attente, il est arrivé dans notre dos. Il faisait nuit.

Ringo a commencé à chanter et Bojojo a crié : « Ringo ». Je venais d’assister à la plus belle des retrouvailles entre vieux compères. J’ai pris des photos non réussies de cet instant. Mais tant pis, ce qui est important, c’est l’histoire qu’elles racontent.

Voilà une légende centrafricaine qui a disparu des radars pendant des années. Même sa famille ne savait pas où il pouvait se trouver. On pensait même à revendre sa maison. Pour vous donner une idée, cela faisait à peine trois mois qu’il avait réapparu à Bangui. Je n’en dirais pas plus car il s’agit de sa vie privée.

Vu l’heure tardive, j’ai pu obtenir un rendez-vous pour le lendemain. Lui aussi était tout disposé à nous revoir.

Bojojo de son vrai nom Bazi Abel aura 75 ans cette année 2022.

Sans aucun doute, l’un des épisodes des plus mémorables de mon séjour en Centrafrique.

Des retrouvailles prodigieusement bouleversantes de Ringo et Bojojo séparés durant plusieurs années. Elles sont la narration de l’attention et de la fidélité, qui permettent au lien qui les unit de se perpétuer, même des années après.

Je veux ici magnifier cet instant remarquable qui a percuté mon séjour.

Durant tout ce temps, chacun a tracé sa route.

Et pourtant, les deux acolytes ont restitué leurs différentes trajectoires, comme si ces années d’absence ne semblaient avoir aucune répercussion sur leur réminiscence mémorielle.

Bien que ces retrouvailles soient exceptionnelles puisque les protagonistes ne se sont plus revus depuis des décennies, c’est bien davantage le fait aujourd’hui de pouvoir combler un vide historique qui anime ma plume.

Talentueux rythmicien, Bojojo a transcendé le périmètre technique de la guitare dans le jeu de l’accompagnement typique. Typique étant le terme pour désigner la musique locale. Son originalité confirme qu’il n’y a pas de précédent. Il recourt à une exubérance à laquelle les auditeurs et les danseurs étaient réceptifs. Il avait beaucoup d’atouts qui expliquent sa place centrale dans la rythmique de Musiki. Sans faire de l’ombre aux autres, il semblait combler un vide par une technique brillante, un jeu viril et exalté. Il brode un panorama sonore très étendu dans la quête de timbres. On retrouve dans son jeu des envolées lyriques fissurées d’éclairs de génie, une maturité comme une autre lecture de la tradition banda, apportant une profondeur.

J’ai échangé sans ambages avec énormément d’artistes centrafricains. Des entrevues exonérées de toute puérilité. Nous avons évoqué toute une collection de problématiques et le tout sur fond de difficultés sociales, économiques, sécuritaires et autres. J’ai relevé un élément commun à tous ceux que j’ai croisé à Bangui, ils poursuivent tous une même quête, celle d’une autre musique : la tradi-moderne. Est-ce la traduction d’une blessure intérieure ? Le réveil d’une autre conscience ?

Avec ces différents regards croisés sur MUSIKI, je dois composer aujourd’hui avec un nouveau modèle archétypal de la déclinaison personnelle que j’avais. Mais notre dénominateur commun restera toujours la musique.

La suite sera le sujet de mon interview filmée de Bojojo que je présenterai en temps et lieu opportun.

 À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

FILI, le descendant des anciens

CopyRight2022StanislasBanda

J’étais parti en Centrafrique à la recherche des anciennes gloires. J’avais également l’intention de collecter ce qui fait défaut dans notre histoire commune. Ce qui compte pour moi, c’est de rendre justice à ces pionniers. L’une des premières choses que j’ai faites a été de prendre des photographies et des vidéos. Je m’étais fixé comme mission d’interviewer, ceux qui ont nourri nos vies de désirs, de rêves, d’espoirs, de joies, d’insouciances… Je devais trouver ou tenter de trouver des réponses aux questions que tout le monde se pose sur ce que sont devenus les musiciens qui ont fait partie de nos mythiques orchestres. Aujourd’hui, je vais juste partager avec vous quelques extraits de ces moments.

Fili de son vrai nom Zounamo Lamine Fulbert. Il fut le bassiste de la période phare de l’orchestre « Formidable MUSIKI.

J’ai eu la chance de le revoir et ce dans des conditions exceptionnelles, grâce à la diligence de Ringo Ngandalé. Fili n’a jamais été dans l’économie de la créativité. Chacun de ses jeux de basse dans les œuvres de Musiki était une proposition qui emmenait dans une direction transcendante. Écoutez le dans « Mabikala », sa propre composition. Il y assure une très belle interprétation à caractère mineur. Je suis resté en apnée à chaque fois que j’ai écouté ce titre. Je comprends aujourd’hui, pour en avoir discuté avec Fili, son parti pris émotionnel. Il rendait un hommage vibrant à sa mère… Aussi je suis très surpris de la disparition de ce titre des médias centrafricains. Plus aucune trace à la radio centrafricaine, ni sur Youtube. D’ailleurs ce titre n’est pas le seul aux abonnés absents, il y a aussi Locko de Musiki également. J’en profite pour vous solliciter, les uns et autres centrafricains, à rechercher dans vos archives sonores ces pièces et à les remettre en circulation…

  Dans mes échanges avec Fili, il se rappelle de son papa qui aimait beaucoup la musique. Celui-ci avait des disques vinyles et le célèbre tourne-disque « La voix de son maître » marque de Pathé-Marconi. Et c’est delà qu’était parti sa passion pour la musique. Son père, tailleur de métier, qui jouait beaucoup de mambo, se décrivait comme un « ambianceur ».

Il m’a rappelé les souvenirs de ses débuts dans Musiki.

« Je suis rentré dans Musiki en 1974 » a-t-il dit.

Mais avant cela, Fili avait été en tournée d’un an avec Super Élégance. Un orchestre avec beaucoup de camerounais. Il y avait aussi Masseli. De passage à Carnot, ils avaient croisé un soliste camerounais qui venait du Cameroun pour aller jouer dans « Centra ». À l’époque où Mayélé jouait au croisement du Dragon rouge. Les musiciens camerounais de Super Élégance ont mis la main sur leur compatriote, bon soliste de surcroît et qui jouait bien du classique. Classique étant un terme générique désignant un répertoire de variétés englobant le rock and roll, la valse etc… C’est donc dans un esprit de partage de savoir que Fili a passé un deal avec ce soliste pour qu’il lui apprenne du classique et à Fili, en retour, de lui apprendre du typique. Et Fili de rajouter que même s’il avait déjà fait un peu de classique auprès de Socks dans « Vis-à-vis Junior », ce n’était pas encore assez pour être un bon musicien de variété.

Quelque temps plus tard, Fili avait croisé au km5 Bojojo qui l’avait informé de leur intention avec Yézo de monter un orchestre. Et qu’ils avaient besoin d’un bassiste. Fili a alors accepté car il connaissait bien Tieri Yézo aux côtés duquel il avait grandi à Sica. Ils se sont rapidement retrouvés chez Bojojo au quartier Bazanga. Ils y ont répété un peu en résidence avant que Tieri retourne chez sa mère à Sica 1. Il avait là, une guitare acoustique. Il a loué des instruments à Antoine Karawa, le grand frère de Karawa Johnson. Il y avait un drums, ce qui a permis l’arrivée de Alphaba. Il précise qu’ils étaient tous, avec Delmas, Papéro, des jeunes de Sica 1. Leur premier concert a eu lieu au 5ème étage du Safari Hôtel. Puis au « Cactus », une boîte de nuit. Le 13ème étage de Safari Hôtel était géré par le Colonel Nguéma. Et grâce à ce dernier, ils y ont pris résidence. La stabilité de Musiki était arrivée à ce moment-là.

À la question « Qu’est-ce que tu aimerais qu’on retienne de toi ? » Fili a répondu :

  • Fili Zounamo, le descendant des anciens de la musique.

Voilà comment je décrirais Fili :

Sans se départir du travail de complicité et d’interdépendance avec les différents pôles de l’orchestre Musiki, son toucher l’identifie sans équivoque. Tout en gardant comme socle le style des anciens, Fili a rajouté dans ses lignes de basse des constituants rythmiques et mélodiques jusqu’alors inexplorés. Enraciné et carré, Fili a influencé toute une génération de bassistes.

J’ai certes rencontré une ancienne gloire du passé. J’ai surtout découvert des artistes avec plein de projets mais qui ont perdu leur territoire. Bangui n’est plus un espace culturel comme il l’avait été à une certaine époque… Le pays n’offre pas d’espace pour l’entité la plus importante de notre identité, la culture. Il ne s’agit pas de ma part d’une critique. J’ai constaté avec tous mes sens que le pays est dans un processus de reconstruction après une longue traversée de désert. Nous sommes encore dans l’oeil du cyclone. Le processus sera long car il y a des priorités. Voilà pourquoi, c’est contre-productif de se figer dans la critique permanente. Chacun doit fournir sur place sa part d’effort pour que l’on puisse offrir un autre horizon à notre jeunesse. D’ailleurs, j’ai hâte d’y retourner.

Fili, dans une sincérité absolue, m’a livré toute son expérience musicale dans une interview filmée. Je partagerai avec vous toute l’intégralité de cet unique et exceptionnel moment quand j’aurais fini mes montages vidéo.

 À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Ringo Ngandalé !!!

CopyRight2021Stanislasbanda

Le 05 février 2021, je faisais un article sur un standard musical centrafricain : Infirmière, la pièce de mon ami Ngandalé. J’avais parlé de lui au passé car je l’avais cru mort. Je lui avais rendu hommage. Mais voilà : l’annonce de la mort de Ringo Ngandalé était tout à fait prématurée. Je n’ai pas été à l’abri de ces sources non fiables de canular répandant la fausse rumeur sur sa mort présumée.

De ce point de vue, j’ai été, par cette assertion spectaculaire dans une méprise totale. Cela ne peut faire bon ménage avec la finesse de vérification que j’aurais dû avoir.

Pour tout dire, nous avons été victime de fausses déclarations relayées massivement et ce pendant des années.

Ringo n’a pas eu la fin tragique qu’on lui a prêtée. Je suis irrité d’avoir cru à la facilité de ces annonces lapidaires. Une fausse information que j’ai relayée, de toute bonne foi qui plus est, aucune infirmation n’est venue en démenti…

Et c’est parce que, à Bangui, je parlais de ma tristesse le concernant que l’on m’apprend qu’il était toujours en vie.

Depuis, je l’ai revu. Nous avons partagé nos émotions.

Ringo m’a donné un début d’explication. L’équivoque viendrait du fait de le confondre avec Ringo Star dont la mort est avérée (J’espère que je ne m’abuse pas une fois de plus).

J’ai retrouvé un homme d’une profondeur absolue, libéré de toute superficialité. La marque de ceux qui ont traversé l’enfer. Où qu’il soit, il a toujours un livre avec lui. Toujours en quête de l’essentiel.

J’avoue que sa présence à mes côtés à Bangui m’a évité d’être dans la caricature des « Je reviens de Paris » dont s’affublent souvent les revenants de la diaspora. Même si ce n’est pas dans mon ADN, ce genre de posture, j’étais content de me retrouver avec lui. Nous ne parlions pas COVID mais plutôt Frantz Fanon et d’autres choses encore, loin du politiquement correct. Nous avions été, Ringo et moi, à la rencontre des jeunes du Lycée Miskine afin de partager des réflexions à propos de René Maran. Mais de cela, je vous en parlerai une autre fois.

À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

INFIRMIÈRE ! (Ringo Ngandalé) – Musiki –

Copyright1992StanislasBanda

https://www.soundslice.com/slices/MXgfc/

Ringo Ngandalé était un chanteur musicien de l’orchestre du Formidable Musiki de Centrafrique. Poète, conteur… Son œuvre mérite d’être mentionnée.

Il était aussi amoureux de la langue anglaise. Je l’ai connu en dehors de l’Orchestre Musiki. Un jour qu’il venait rendre visite à son oncle voisin de mon père, il a remarqué que je grattais ma guitare sous notre véranda, et il a préféré venir me tenir compagnie. Ainsi une longue amitié était née. C’était un honneur pour moi. Il me parlait de ses cours d’anglais au Centre culturel américain, il rêvait de visiter le monde. J’avais trouvé un interlocuteur pour mes pensées philosophiques de l’époque.

Il appréhendait les faits de société qu’il décryptait avec précision et pertinence. Il avait sa façon de décrire la réalité, les dérives. Il les exposait pour les dénoncer.

Il était authentique parce qu’il parlait à l’inconscient collectif. Des dérives colportées çà et là deviennent ainsi du jour au lendemain des standards.

Cela réjouit et désinhibe la majorité et dans le même temps rebute et contrarie fortement ceux qui commettent ces écarts sociétaux. « INFIRMIÈRE » était devenu un standard de la télévision, de la radio, de la rue, des foyers, des rondes enfantines.

Aujourd’hui, on aurait estampillé Ringo Ngandalé de Lanceur d’alerte. Parce qu’il pointait l’échec d’un système :

La toute-puissance de l’administration, ces intouchables au service de personne sinon d’eux-mêmes.

Ringo venait nous rappeler autre chose : « YES WE CAN ».

Avec cette chanson, on peut partager et raconter. Elle introduit des échanges, inspire des critiques argumentées permettant de confronter nos différentes expériences du même sujet. Un acte de liberté, ne plus avoir à se taire. C’est une sommation à l’encontre de la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion doit se clore à un moment.

Ringo fascinait car il dénonçait ce que les autres s’interdisaient de dire. La transgression de l’incohérence.

Vous comprenez pourquoi les politiques ont toujours ce comportement paternaliste avec les musiciens, avec les gens de la culture, histoire d’occulter une prise de conscience…

Les sujets que Ringo traitait permettaient à tous de se confronter à des problématiques qui nous concernent au quotidien, en tant que citoyens, d’exprimer notre ressenti et d’avoir une analyse réflexive. Ces récits au-delà de leur visée aux avantages indéniables, n’ont eu que très peu de portée éducative malheureusement pour nos dirigeants qui ne trouvaient là que quelques prétextes de beuverie. Ces choses dénoncées à une époque lointaine subsistent toujours. Nos responsables politiques restent inébranlables dans leur médiocrité concernant la chose publique.

Dans « INFIRMIÈRE » Ringo avait mis en relief des travers humains, des vexations, des situations d’aliénation au sein de l’hôpital public, très loin de son serment d’Hippocrate, le texte fondateur de la déontologie médicale. Il donne à entendre enfin publiquement cette histoire muette qui plombe notre existence. Une ségrégation sociale entre personnes de même race, de même couleur, de même territoire… La résurgence et la régurgitation d’une vieille histoire. Des préjugés hérités du post-tortionnaire dont on a du mal à s’en défaire.

Il nous offre là un moment d’émancipation inouïe : dire NON.

Ma transcription de « INFIRMIÈRE » ne comporte que la première partie. Je m’excuse de la qualité de la bande sonore. Elle provient de cette partie du monde où ces aspects ne semblent pas encore prioritaires. Je m’en expliquerai à un autre moment.

J’ai pris quelques libertés d’interprétations (très peu) dès que le son était incertain. La partition ne concerne uniquement que l’accompagnement de la guitare et quelques « licks » solos. Donc si vous voulez la mélodie des paroles, reportez-vous sur l’audio. Cette technique d’accompagnement porte la marque du regretté « Bojojo ». Bojojo que j’avais croisé pour la dernière fois un soir autour d’un café à Bambari avant sa disparition.

Cet article manque singulièrement d’image pour la simple raison qu’il n’existe pas d’archive nationale dont on pourrait se servir.

Je suis heureux de rendre hommage aujourd’hui à mon ami Ringo, disparu prématurément.

Cliquez sur le lien pour accéder à la partition sur la plateforme SoundSlice:

https://www.soundslice.com/slices/MXgfc/

Après quelques hésitations, je vous mets en image, « ABC », le Q.G de Musiki au Km5. Rappel de souvenirs pour certains, n’est-ce pas? Je l’avais photographié en 1992.

 À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Ga djoni – Jean Magalé

Jean Magalé

https://www.soundslice.com/slices/SSLfc/

Ma transcription d’aujourd’hui est celle d’un standard qui parlera plus aux centrafricains. Cette pièce traite de l’indépendance du peuple centrafricain. Une allégorie de la liberté qui fait chanter et danser les animaux. L’auteur utilise ici comme figure de style l’anthropomorphisme ou la personnification musicale qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines aux animaux.

Toute la poésie se retrouve dans le texte de cette pièce composée en 1959 par Jean Magalé.

Cliquez sur le lien pour accéder à la partition sur la plateforme SoundSlice.

https://www.soundslice.com/slices/SSLfc/

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Standards musicaux centrafricains!!!

https://www.soundslice.com/slices/8v5fc/

Partager est ma philosophie. J’espère que vous le savez.

À partir d’aujourd’hui je vais alimenter la rubrique (Iti) pour les amoureux de la musique et pour les musiciens.

Je publie depuis quelques moments des transcriptions de musiques sur la plateforme SoundSlice. Il s’agit de partition pour différents styles de musique : africaine, Jazz, brésilienne, caribéenne et autres.

Ces partitions sont destinées avant tout aux guitaristes et aux bassistes. Mais elles peuvent évidemment aussi intéresser les chanteuses, les chanteurs, les pianistes et les batteurs. Elles sont écrites en solfège pour les lecteurs et en tablature pour les non-lecteurs.

À chaque fois, je vous laisserai un lien (URL) pour vous permettre d’accéder à la plateforme. Celle-ci est gratuite, il n’y a rien à payer.

Dans le cas de la musique centrafricaine, j’ai pensé qu’il était temps et urgent de donner une traçabilité technique. Voilà pourquoi, je propose d’abord des standards centrafricains.

C’est le meilleur outil pour apprendre la musique : en lisant la partition, vous savez précisément les notes qu’il faut jouer. Ce système vous permet de ralentir la pièce, de mettre en boucle le segment qui vous intéresse. Vous pouvez zoomer la section pour l’adapter à votre écran afin de travailler dans un relatif confort. Ce faisant, vous arriverez aussi un jour à transcrire votre propre musique pour en garder la trace.

Pour vous, j’ai déchiffré plein de musiques. Ensuite j’ai procédé à une synchronisation de l’audio, de la vidéo, de la partition et de la tablature musicale. Vous pouvez aussi imprimer librement la partition.

Cliquez juste sur le lien et ou l’image pour accéder à la pièce de Thierry Darlan « Les martyrs » : https://www.soundslice.com/slices/8v5fc/

Pour mes compatriotes centrafricains, ceux qui me côtoient le savent, cela fait plusieurs années que je demande aux uns et aux autres sans succès la constitution d’une liste de nos standards centrafricains. Demande considérée, je suppose, comme une conversation de salon. Dommage.

C’est quoi un standard musical ?

C’est un morceau instrumental et ou vocal à thème comprenant généralement un thème principal, un couplet et un refrain. Ce sont les pièces qui ont supporté l’épreuve du temps grâce à l’audience qu’elles ont eu auprès du public. C’est dans leurs diverses interprétations que l’on discerne le mieux la créativité d’un musicien car l’auditeur peut comparer les différentes versions. Chaque musicien se doit d’en connaître un maximum s’il veut avoir de la notoriété populaire.

C’est le patrimoine musical d’un peuple. C’est la traduction du langage culturel de ce peuple. Il constitue son répertoire de chansons populaires. C’est ce que je fais en proposant ces partitions. Nous pourrons, nous centrafricains, partager aussi dorénavant avec d’autres peuples car nous avons quelque chose à partager.

Pour vivre ensemble sur cette planète, nous devons partager et échanger. Les autres ne pourront partager avec nous que si nous leur offrons la clé du déchiffrage. La clé pour venir vers nous.

En faisant ce travail, j’espère donner de la valeur ajoutée à nos artistes afin de graver leur touche personnelle dans l’univers. Il est temps de les gratifier d’un peu de respect, comme disait mon ami Tieri Yezo : « Mou na mbi respect ».

Si cela vous parle, proposez-moi vos listes de standards. Mais c’est un travail qui mérite d’être fait collectivement.

La photo est un souvenir du 31 décembre 1983. Nous nous produisons en concert ce jour-là en région parisienne.

 À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén