SingoBingo @rt

Just for sharing

Catégorie : Reportage

Nguéréngou !!!

CopyRight2022StanislasBanda

Ma photo montre un nid d’oiseau camouflé avec une mue de serpent. Certains passereaux utiliseraient ce procédé afin de dissuader les prédateurs et pour éloigner les mangeurs d’œufs. Cette situation est rare à observer dans la nature voilà pourquoi, avec cette photo, j’ai le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel à Nguéréngou.

J’aime Nguéréngou.

J’ai choisi, depuis deux ans, comme point de chute en Centrafrique, la localité de Nguéréngou pour m’y installer et surtout m’y investir.

Il n’est pas rare de trouver deux orthographes pour le nom de cette localité : Nguéréngou ou Guéréngou. Je ne sais pas laquelle des graphies est la concurrente ou l’originelle. Personne encore n’a pu m’expliquer le fruit de l’évolution de l’usage de l’une ou l’autre.

Les coordonnées GPS de Nguéréngou sont approximativement 4.5Nord pour la latitude et 18.5Est pour la longitude. Nguéréngou culmine à 408m environ d’altitude.

En dehors des venelles qui parcourent cette localité, la RN2 est la seule voie de circulation goudronnée qui la traverse en la reliant à la capitale Bangui (30 km) et à Damara (45 km) une sous-préfecture de la préfecture d’Ombella-M’Poko.

La RN2 CopyRight2023StanislasBanda

Les habitants de Nguéréngou entretiennent avec la terre, avec les arbres, les rivières, la végétation et les collines des relations dont les banguissois ne connaîtront jamais l’équivalent. Il m’a été donné de constater cette forte dissemblance. Ainsi est-il loisible à quiconque ayant la perspective d’un retour vers le natal d’entrevoir, ailleurs qu’à Bangui, une autre configuration des possibles …

À bientôt,

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Marlène Co-Bédaya N’Garo !!!

Marlène Co-Bédaya N’Garo

Aujourd’hui, je vous présente une amie, une très grande amie, en réalité une sœur car aussi loin que je m’en souvienne, nous nous connaissons depuis nos adolescences. D’abord en Centrafrique, ensuite en France.

Marlène est l’un des meilleurs représentants de la musique centrafricaine. Elle est multidisciplinaire : chanteuse, parolière, guitariste, pianiste, flûtiste, …

Elle est un troubadour des temps modernes à travers badinage rustique, complainte, évocation, joie et gaîté… Elle a reçu en dotation personnelle une âme poético-lyrique gage de notre préservation patrimoniale. Son marqueur musical est un signe d’humanisme. Au nombre de ses dons altruistes : L’espoir, la joie, …

Son jeu épuré ne s’embarrasse pas de superflus. On retrouve dans ses arrangements de la légèreté, de l’essentiel. Elle recourt entre autres à des éléments du patrimoine tribal ethnique centrafricain. Mais ce qui marque son écriture, c’est une invitation permanente de l’auditeur à une prise de conscience de l’essentiel.

Loin des délétères négativistes, Marlène sème du vivre ensemble. Au sein d’un monde où la musique offre de moins en moins du sens, en raison de la bouillie musicale ambiante, Marlène nous insuffle la suprême brise. Elle rappelle aux assoupis leur devoir de mémoire, d’éducateur car nous le savons, la misère ne laisse pas ce loisir. Elle fait partie de ceux que je nomme « Les gardiens du temple ».

Un jour, nous romprons avec notre malédiction et nous serons heureux à ce moment-là de retrouver ce que Marlène a mis de côté pour nous. La culture dont nous relevons, nous a-t-elle accompagné dans une immanence temporelle ? NON. Notre temporalité culturelle a été émaillée de contretemps colonisateurs, d’accidents à la clé d’une musique terroriste, de bémols esclavagistes, du silence des affamés de la planète pauvreté. Il y a longtemps que notre musique ne raconte plus de vérité, ni de poésie, ni d’épopée sinon que de parler de convivialité de gens malheureux où l’alcool a remplacé l’eau désaltérante des travailleurs du dur labeur.

Et Marlène dans tout cela ? Elle nous replace au cœur de notre humanité.

Elle pratique le chant, l’expression musicale la plus noble. Sa voix en « sprechgesang » déclame des mélodies originales et inséparables du texte poétique de caractère lyrique. 

Marlène Co-Bédaya N’Garo

Vous n’êtes pas sans savoir que très bientôt, je vais assister les enfants d’un village en Centrafrique. Dans ma recherche des personnes-ressources, j’ai pensé naturellement à Marlène. Et bien m’en a pris, elle a répondu illico à l’inverse des promesses habituelles de mes amis de la diaspora. Marlène m’a remis des Cds et des textes de ses chansons que j’utiliserai comme support dans l’animation musicale de mes classes de soutiens scolaires. Cela me chagrinait d’avoir à apprendre de la musique aux enfants avec des chansons hors contexte culturel.

Ce qui m’emmène à vous présenter un peu plus sérieusement Marlène :

Marlène a été Professeur d’Anglais en région parisienne après un DEUG d’Anglais à la Fac de lettres de Bangui et une Maîtrise d’Anglais à la Sorbonne Paris. Outre un 1er Prix de composition chant choral, et un Diplôme d’État en spécialité Chant musiques actuelles Jazz et guitare, Marlène a été Chef de chœur et Professeur de chant dans plusieurs conservatoires en France.

Mais ce qui est sain avec cette femme, c’est qu’elle n’a pas eu besoin de brandir tous ces lauriers pour faire ce qu’elle a à faire.

Depuis 1995, elle donne des concerts en France, en Allemagne, en suisse et au Québec.

En ce moment, elle poursuit ses concerts en tant que chanteuse et guitariste dans un groupe de musique africaine : KALUWO ; en tant que choriste dans un groupe Reggae et en tant que chanteuse dans un orchestre de Jazz de New-Orleans.

Marlène a plus d’une quinzaine de Cds à son actif avec entre autres les groupes Man D’Dappa, Kaluwo et autres collaborations. Certains sont des créations de contes musicaux, de chansons pour enfants utilisés par les Professeurs des écoles et des médiathèques.

Franchement le parcours de Marlène est si étoffé que je m’oblige à ne faire qu’un résumé. Mais quel résumé !!!

Kaluwo

Voilà ce qu’elle me répond à propos de son art : « Depuis mon enfance, j’ai
toujours rêvé d’être guitariste et je n’avais jamais imaginé de devenir
chanteuse… Mais au fur et à mesure des années passant, il y a eu sur mon chemin,
plusieurs opportunités et cela m’a permis d’en faire véritablement mon métier ».

À la question : Pourquoi l’enseignement de la musique ? Voilà sa
réponse : « Parce que je veux permettre et aider l’élève
(adolescent/adulte) à élaborer et à réaliser son projet musical avec plaisir et
finalement à faire de la musique (chant ou instrument) avec d’autres personnes.
J’enseigne la musique et je me considère comme facilitateur d’apprentissage. Je
rends aisé un apprentissage en créant les conditions nécessaires pour que l’envie
soit toujours là ».

Et à la question : Pourquoi donner des concerts ? Marlène répond : « J’aime
donner des concerts pour faire découvrir et partager mon univers avec le
public. À chaque concert, il y a au moins deux chansons auxquelles je demande
au public de chanter avec moi. Elles sont en Sango et très faciles à chanter
(Siriri na dounia /Kamba ti bê ti mbi). Le public le fait de bon cœur. Durant
le concert, comme je chante en Sango (Centrafrique), en Dioula et Bambara
(langues du Mali et du Burkina Faso), je joue un peu le rôle d’une conteuse car
il y a plusieurs chansons que j’interprète qui ont une histoire et cela
passionne le publique. Ainsi, ils comprennent mon répertoire ».

 L’univers de ses œuvres est résolument africain. Mais dans un style métissé qui panache
d’abord des régions (Afrique de l’ouest, Afrique centrale et Afrique du Sud) et
diverses influences telles la rumba africaine, le soukouss, la pop, la funk, le
blues, la bossa-nova… Parmi ses œuvres les plus importantes, il faut retenir « Siriri
na dounia »,
un thème sur la paix dans le monde et la tolérance ; « Cobédaya
Rumba », un thème sur le cycle de la vie ; Kaluwo, qui est un hommage au
peuple Luo et aux pygmées de Centrafrique ; « Kamba ti bê ti mbi »,
qui est un thème sur l’amour dans un couple : de la genèse aux cheveux
grisonnants.

 Une chose que je n’ai jamais dite à Marlène c’est le fait que son père
ait sauvé ma tante d’une mort certaine. Son père était le fameux Docteur
N’Garo.

Notre Nation aurait peut-être son mot à dire à propos de cette artiste.
Mais la quête de la sortie du tunnel polarise notre pays. Des ombres
inquiétantes planent encore sur celui-ci, voilà pourquoi, il m’importait de
parler de cette Marlène-là. Celle qui créée nos artéfacts centrafricains, celle
qui fournie l’archéologie centrafricaine où la génération future pourra
assouvir en toute tranquillité ses besoins de racine.

Oui, Marlène est notre réassurance contre l’oubli.

À très bientôt. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Centrafrique : La viande de brousse !!!

 Je vous ai déjà parlé de la vie des arbres en Centrafrique. Je vous ai aussi dit que leur transformation en charbon était dans un but de consommation domestique. Maintenant, vous allez savoir pourquoi exactement on utilise le charbon.

Étant donné qu’il n’y a pas de superette dans nos campagnes pour nous approvisionner en barquette de viande, nous ne pouvons compter que sur le chasseur. Lui seul peut nous livrer nos acides aminés essentiels, notre indispensable source de protéines. Vous remarquerez que j’ai dit chasseur et non braconnier. Parce que ceux que j’ai pu croiser répondaient à des demandes vitales de la collectivité. Ils ne sont pas en violation des pratiques ancestrales de leur communauté.

Ils utilisent essentiellement des pièges au collet.

Voici un piège à collet

CopyRight2021StanislasBanda

Je ne l’aurais pas remarqué sans la disposition particulière des cailloux. D’ailleurs on distingue à peine le fil utilisé.

J’ai croisé ce type de piège en traversant la savane. Il est fait avec soit un fil métallique quand c’est possible sinon avec de la matière naturelle filée ou tressée pouvant servir pour le nœud coulant. Celui-ci, dissimulé dans les herbes, est posé sur le passage des petits animaux.

Tout le long des pistes, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de remarquer que les locaux utilisent aussi des filets de chasse. Le chasseur élargie ses possibilités.

Voici un filet de chasse

CopyRight2021StanislasBanda

Comme pour la chasse au collet, la chasse aux filets fait aussi partie des chasses traditionnelles. Il y a deux groupes de chasseurs dans ce cas de figure. Il y a les postés qui se positionnent devant le filet et charge à eux d’achever l’animal qui viendra se prendre dans les filets. Et il y a les traqueurs, accompagnés par leurs chiens, qui rabattent les gibiers vers et dans les filets en poussant des cris et en frappant la végétation avec des branchages.

Au village, j’ai aussi assisté à la préparation des tapettes artisanales qui sont un autre type de piège…

CopyRight2021StanislasBanda

Je suis mal à l’aise pour parler de ce type de piège car il n’y a pas si longtemps j’ai dû en placer dans ma cave parisienne. Je n’ai vraiment rien contre les rats mais je crois que la vindicte populaire autorise encore et toujours ce type de barbarie partout dans le monde.

Il reste d’autres types de chasse : à tir, à la flèche, à la lance… Mais il m’aurait fallu faire plusieurs articles et franchement je n’ai pas le temps nécessaire.

Doit-on rendre grâce à la chasse de subsistance qui contribue à faire de nous des êtres raisonnés ou bien faut-il encenser l’élevage de masse pour répondre à notre orgie carnassière ? C’est une équation insoluble. Car manger est une transgression nécessaire. Toutes les espèces existantes, animale, minérale, végétale, sont prédatrices. La vie dépend de cette gloutonnerie.

Je vous ai mis la photo d’un collet prise lors d’une de mes excursions dans la savane centrafricaine. Dès que je l’ai vu, instantanément, j’ai eu le sentiment d’une agression contre nature. Et pourtant, dans ma jeunesse, je posais des collets. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Le fait d’avoir vécu longtemps en Europe a reconditionné mon logiciel. Acheter ma viande en barquette au supermarché m’a déresponsabilisé de cette entorse vitale.

Manger ne doit pas l’être au radar. Dans le village où j’ai été, seuls les produits de premières nécessités étaient vendus au bord des pistes : sel, huile… Pas de superette pour s’approvisionner en viande. Seule manière d’en avoir, c’est qu’elle soit proposée par un chasseur. Donc l’approvisionnement a un caractère aléatoire. Il n’y en a pas pour tout monde. Et de surcroît, on n’a pas le choix.

C’est donc pour cela qu’on utilise le bois, le charbon car sinon on devrait manger cru sa viande et ses légumes. Le fagot de bois a besoin de clients à griller.

La viande, produit des différentes chasses, peut alors se décliner :

  • En Biche
  • En rat, en agouti, en sibissi…

Voici un agouti prêt à l’emploi

CopyRight2021StanislasBanda

Un jour, en me rendant dans mon champ, je croise deux enfants, d’une dizaine d’années environ, qui longeaient une case et portant chacun un récipient. C’était à l’heure où plus aucun adulte ne traîne dans le village.  Je leur pose la question, « qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? ». Ils me répondent « nous allons manger ». « Et qu’est-ce-que vous allez manger ? ». Le plus âgé des deux me répond exactement : « Nous avons préparé un cœur et des viscères de serpent ». Je suis resté bouche bée car mon nouveau logiciel interne avait du mal à traiter l’information. Normalement ces choses-là ne devaient pas m’ébranler. Elles sont dans ma mémoire ancienne. Mais voilà, avoir vécu des décennies en Europe change la donne. J’ai emprunté une sensibilité occidentale qui altère ma placidité. Ça me rappelle, une autre fois nous marchions à la queue leu leu sur une piste dans la savane, je fermais la marche. Devant moi, il y avait quatre enfants. Nous allions rejoindre leurs parents dans les champs. Celui en tête de marche avait aussi sa petite machette qui lui servait entre autres à taillader des branches qui viendraient à encombrer la piste. D’ailleurs c’est ainsi que tout usagé de piste fait pour entretenir les pistes, un peu comme les concessionnaires d’autoroutes en Occident. Car les herbes et les branches peuvent très vite devenir infranchissable. Et sans m’y attendre, le garçon de devant dit à haute voix « SERPENT ». Tous les enfants ont continué à marcher normalement. Le seul à avoir fait un bond désordonné, c’était moi. Le garçon avait juste secoué sa machette dans les herbes pour faire déguerpir le serpent en question. Pendant que je regardais partout en ayant mille interrogations dans ma tête, les enfants poursuivirent leur conversation comme si rien n’était. Ils étaient, eux, pieds nus et moi j’avais mes chaussures montantes de baroudeur. No comment.

  • La viande se décline aussi en serpent
CopyRight2021StanislasBanda
  • En oiseau…
  • En rat palmiste
CopyRight2021StanislasBanda

Dans le village, on mange de tout. Ma posture d’écologiste a été mise à très rude épreuve. Il s’agit bien du principe de réalité dont je parlais récemment. Dans ces conditions, manger redevient un acte responsable. Pour le gibier à poil, il faut d’abord brûler soi-même les poils, le dépecer et vider ses entrailles (je n’ai pas dit mettre à la poubelle), découper, conserver ou non les extrémités, têtes comprises. Il est très rare que le gibier soit dépouillé de sa peau. On le fait cependant pour certains gros gibiers. Et c’était une corvée qui me revenait quand j’étais enfant : On me demandait alors de pratiquer une incision autour des pattes. Puis à l’aide d’une tige de roseau que je glissais entre la peau et la chair, je soufflais très fort pour installer de l’air entre la chair et la peau, ainsi cette dernière pouvait se décoller plus facilement au passage du couteau.

Revenons à un passé plus proche. Un jour, au village, c’était à mon tour de préparer à manger, puisque que je me targuais d’être un bon cuisinier. En temps normal, les femmes ne m’auraient jamais laissé faire à manger, parce que j’étais considéré comme un invité. Mais cette fois-ci, on voulait bien voir « le parisien » à l’œuvre. Sauf que j’ai commencé à trainer des pieds quand j’ai vu le petit gibier arrivé. Ma nature habituellement déterminée s’était émoussée entre temps. Et oui, j’ai maintenant l’esprit écologique chevillé au corps. Vouloir protéger la nature n’est pas sans conséquence.

Ce gibier-là n’était pas une barquette de la superette, ni une pièce de viande préparée par le boucher. Avant que je ne puisse réagir, un enfant s’est emparé de la bête et la jeter sur le feu pour le pré-préparer. Et il y avait une raison à cela : pendant que je trainais, le feu de bois se consumait et on gaspillait du bois et ensuite on ne fait pas de chichi dans ces lieux.

J’ai ainsi pu renouer avec des pratiques que l’«EuroBlack » avait enfui au plus profond de lui. La viande devenant un produit rare, on s’oblige à ne rien gâcher. On mange tout sans rien laissé. On gratte l’os. On ronge les articulations, aucun bout de tendon ne doit subsister. On vide entièrement tous les os de leur moelle. Quand la tête est préparée, son équarrissage intérieur et extérieur doit être total. Je vous le dis, manger de la viande devient un acte à haute valeur comptable ajoutée. Cette prise de position n’est pas du tout difficile car tous les travaux sont physiquement exténuants. Donc au moment de manger, on ne demande pas son reste. Chaque individu sur cette planète, qui encense la globalisation et la mondialisation, devrait avoir vécu ce type d’expérience avant de balancer de grandes théories.

C’est dans ces campagnes que tout responsable politique pourra trouver tous les éléments de motivations possibles : vision de développement économique, vision de l’éducation, de la santé, de la culture, de la défense, de la protection sociale, de l’environnement écologique et j’en passe.

J’ai vécu lors de mon séjour un apprentissage vicariant. Expérience nécessaire pour moi qui voulait changer rapidement de logiciel. Très souvent aussi, il s’agissait juste de réactiver des acquis que mon éloignement de la terre-mère avait enfoui dans mes profondeurs puisque je devais vivre d’autres expériences. Maintenant que j’ai repris mes marques, il va falloir maintenant s’occuper des enfants.

La mondialisation et la globalisation ont redistribué d’autres cartes en dépit du bon sens humanitaire. Nous devons changer nos attitudes face à ce nouveau choc des civilisations qui ne présage rien de bon pour nous africains. Nos discours argumentés et tonitruants ne changeront rien à la donne. Nous devons tous abandonné notre chaire d’analystes. Seule la reprise en main de notre territoire conféra à nos attentes du sens. Faisons de nos atermoiements notre seul ennemi. Nous devons mettre fin immédiatement au caractère normatif et tiers-mondiste de nos pays en sous-développement. Pour cela, il faut accompagner nos enfants, en faire des citoyens pour qu’ils soient en capacité plus tard de voter et de s’engager en toute clairvoyance. Nos enfants ne doivent pas mendier comme l’ont fait leurs parents et grands-parents. Ils doivent cesser avec les aides, les subventions extérieures, les organismes de charité et autres. Toutes ces choses qui nous enlèvent la fierté d’être. Ce combat doit être mené à tous les étages de la nation. Chacun choisira le niveau qui lui conviendrait le mieux. Il faut avoir une juste appréciation : Notre résistance a été malgré tout collective car elle ne date pas seulement d’aujourd’hui. Il faut le rappeler de temps en temps. Elle est à la hauteur de toutes les barbaries que nous avons subies jusqu’à présent mais aussi des humiliations persistantes. Seule la réussite n’a pas été de notre côté, à cause aujourd’hui de quelques brebis galeuses. Nos anciens ont déjà théorisé la domination subie. Les espaces de réflexions, aujourd’hui, existent à profusion. La seule chose qui a manqué et qui manque encore, c’est un positionnement radical en rupture complète avec le déterminisme. Pour ma part, j’ai choisi le rez-de-chaussée pour ne pas dire la cave. Car on y meurt en silence sous la canopée beuglarde ou indolente de nos élites africaines. Chacun doit s’émanciper de ces sempiternelles analyses virtuelles responsables de nos tétanies. Laisser les nôtres mourir dans l’indifférence, c’est le danger encouru quand on prend goût au verbe.

À très bientôt. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Centrafrique : Les arbres et leur destination !!!

CopyRight2022StanislasBanda

Ailleurs, en Europe par exemple, pour faire à manger, on a droit à des appareils de cuisson : des cuisinières.

Elles peuvent être à gaz et comme le qualificatif l’indique, elles utilisent du gaz de ville, du butane qui est un gaz de pétrole liquéfié ou du propane qui est un combustible naturel d’aspect gazeux et incolore.

Les cuisinières sont aussi électriques, constituées essentiellement soit de vitrocéramique, c’est-à-dire d’une plaque électrique recouverte de verre trempé ou soit elles sont à induction reposant sur une technologie électromagnétique. C’est-à-dire qu’elle chauffe uniquement si elle rentre en contact avec le récipient compatible.

Il y a aussi la cuisinière mixte, appelée aussi Piano qui est un mélange de deux précédentes.

En Centrafrique, sauf dans quelques rares familles très aisées, on n’utilise pas ces appareils. Car on n’a pas les moyens de s’en offrir. Et la plupart du temps, on a plutôt recours au bois, sous la forme fagot de bois ou charbon. De toute façon, la disponibilité de l’électricité étant parfaitement aléatoire, la valeur sûre reste le bois.

J’ai utilisé à escient dans le titre de cet article, le terme destination pour les arbres. La nature a l’art de donner naissance aux arbres qui ont une espérance de vie supérieure à la nôtre et ils ont tous le point commun de mourir à l’endroit même de leur naissance, après avoir rempli, entre autres, un rôle : produire de l’oxygène, purifier l’air en absorbant le CO2, filtrer l’eau… Pourtant, l’homme a assigné à l’arbre une autre destinée.

Hélas, nous touchons au nœud gordien qui est l’abattage abusif en Centrafrique des arbres même centenaires et ou remarquables. La situation critique du pays ne permet pas de prendre en compte les effets dommageables de ces coupes. Car je l’ai déjà dit à d’autres moments, les priorités sont ailleurs.

Toujours est-il qu’il y a deux formes de pratique :

Des coupes, tournées vers l’autoconsommation, effectuées par les locaux pour une utilisation domestique mais aussi pour du petit commerce. Sur ma photo, ce pousse-pousse peut effectuer entre une cinquantaine et une centaine de kilomètre dans des conditions d’un autre âge pour livrer la Capitale. Il faut savoir qu’on en croise ainsi à toute heure de la journée et aussi la nuit. Cela donne une idée de la dévastation de nos forêts.

Peut-on faire autrement ? Non, dans l’état actuel des choses. La prise de conscience n’est possible, que si l’on peut substituer le bois par autre chose. Observez bien la végétation sur ma photo, il sera extrêmement difficile de convaincre un local que bientôt nous manquerons d’arbre.

CopyRight2022StanislasBanda

Il y a aussi la sylviculture dans le cadre d’une exploitation forestière à grande échelle. Il y a beaucoup de chose à dire sur cette question-ci. Et qui mériterait un article à part. Tout ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que, quatorze ans plus tôt, en 2008, j’avais fait un reportage à propos. Je m’étais posté aux encablures de Pétévo (Centrafrique) pour filmer le défilé des poussepousses ravitaillant la Capitale Bangui en bois. Durant une heure le spectacle d’environ une vingtaine de poussepousse était accablant. Rien que pour ce poste d’observation. Chaque pousse-pousse charriait l’équivalent de quatre arbres. J’avais partagé ma préoccupation avec une charmante dame de l’entourage de Président de l’époque. Sa seule réponse, édifiante, a été : « C’est le pré carré du Président. Il n’y a rien à redire ».

Photo prise en 2008 en Centrafrique

Je me rappelle ce jour où en pleine savane, le bruit de cette tronçonneuse au loin qui m’a fait l’effet d’un arrachement. Oui, comme si on m’arrachait le cœur. Avant, çà n’était que le fait de grandes entreprises. Mais aujourd’hui, même les locaux s’y mettent. Il s’agit d’un « écocide » pour le compte du trafic de bois marchand.

Nous n’avons ni le temps, ni les moyens de mesurer l’étendue des dégâts considérables. Les forêts vont devenir des clairières. Des espèces vont émigrer.

La photo suivante est un four à charbon que j’ai photographié en pleine savane boisée à plus de cinq kilomètres de la première habitation. Il peut être profond de 3 à 4 mètres. On y place les rondins et billots. On y met le feu. On recouvre le tout de terre. Car on les brûle à l’étouffé. Le charbon obtenu partira pour la vente. Les bénéfices de ce carnage sont maigres. Cette industrie clandestine n’a pas encore produit de millionnaire à ma connaissance.

Four à charbon, CopyRightStanislasBanda

La savane est un écosystème complexe. Elle abrite une végétation, une faune (des herbivores, des carnassiers et autres…), de l’eau (rivières…). Elle participe donc à l’équilibre écologique du cœur de l’Afrique. Mais il s’y joue cependant des drames insoupçonnés. L’homme saigne la savane en abattant les arbres. Et un jour, nos sols ne seront plus protégés de la violence des pluies et des eaux. Ils vont s’appauvrir et nos plantations produirons maigre.

En faisant du charbon avec le bois abattu, notre bilan carbone ne jouera pas en notre faveur.

Charbon prêt pour le packaging, CopyRight2022StanislasBanda

Le charbon est vendu en gros, dans des sacs de ciments en papier kraft récupérés ou quelques fois dans des sacs en toile de jute, pour une somme de 1500 Frs cfa. Un sac, c’est à peu près la consommation énergétique hebdomadaire nécessaire pour une famille. Sinon la ménagère peut se contenter d’acheter le charbon conditionné dans de petits sachets à 50 Frs cfa l’unité.

Quand on brûle le bois pour cuisiner, nous sommes coupables et comptables de la production du monoxyde de carbone qui pollue notre environnement.

Peut-on faire autrement ? Visiblement NON !!! Pourtant l’écologie nous recommande une neutralité carbone pour contenir le réchauffement climatique. Je ne prends pas ces aspects à la légère. En France, pendant une canicule, j’arrive à trouver des solutions pour tenir le coup. Cette fin de janvier 2022, j’étais à Bangui. Quand la période de sècheresse (bourou pour les centrafricains) s’était installée, un alizé, l’harmatan, souffle ; l’air chaud est très sec et pleine de poussière. La chaleur exogène augmente la température du corps. J’étais en hyperthermie. Ce type de période met tout le monde au ralenti. L’économie en pâtit. Les cas de décès sont réels. Voilà pourquoi, avoir une vision nationale ou du moins une projection nationale sur la question du bois ne serait pas du luxe.

Nous devons anticiper et non réagir en fonction du diktat extérieur. Voilà à quoi doivent servir les longues études fondamentales et appliquées. Dans un état du tiers monde, un détenteur de Master en mathématiques voire Doctorat ne doit pas inéluctablement devenir un enseignant. Il doit pouvoir mettre son savoir au profit d’une ingénierie ou d’une industrie de haute technologie telle l’énergie, la recherche pétrolière, la chimie… à titre d’exemple. Dans le même état d’esprit, on ne peut pas sortir Médecin généraliste ou spécialisé et aller se barricader au ministère de la santé ! Un médecin, un dentiste, un pharmacien, un maïeuticien, une gynécologue obstétricienne a mieux à faire que de siéger à un conseil ministériel. Comment voulez-vous que la nation avance sans les détenteurs des savoirs appliqués ?

Dorénavant, on peut voir les remorques de camions internationaux, remplies de troncs d’arbres abattus, stationnés aux vues et aux sues de tous dans la grande Avenue des Martyrs (quelques centaines de mètres avant l’Avenue Koudoukou).  Les cargaisons sont à destination du Cameroun. Je suppose que c’est par là qu’elles vont prendre la mer après que les camerounais se soient sucrés au passage. La demande de bois provient d’Europe.  J’aime à penser que le pays en tire (malgré la gravité de cette exploitation) des bénéfices même si cela ne soit pas observable par le commun des centrafricains. Mais à qui profite vraiment ce commerce ?

Franchement, je ne peux pas avoir une analyse manichéenne de cette configuration. Mon discours ne doit pas être lénifiant. Je me dois une analyse opérationnelle. Voilà pourquoi, je ne blâme pas la pratique des locaux. J’ai été vivre avec eux. Ils ont beaucoup à nous apprendre sur la capacité à faire corps. Mon approche est plus nuancée car moi aussi, à leur place, j’aurais fait la même chose. Ce qui m’a semblé plus problématique, mais en tenant compte des priorités actuelles, c’est l’absence de projection sur cette question d’une part. Mais peut-être que je n’ai pas encore tous les tenants et aboutissants !!! Et d’autre part, la liberté accordée au profit étranger. Mais encore une fois, je ne connais pas les implications.

Je ne me mettrai pas la rate au court-bouillon pour ces questions-là. Je m’éviterai d’inutiles polémiques en conduisant plutôt des expériences tournées vers un collectif nécessiteux. Les réflexions ascétiques de nos intellectuels n’ont produit jusqu’ici qu’une vie d’oraison et de mortification.

 Moi, j’ai des impératifs. Des enfants, des jeunes, des anciens m’attendent là-bas. J’aimerais juste être à la hauteur de leurs attentes. Une construction épicurienne de l’éducation et du vivre ensemble me semble plus productive que l’austérité réflexive proposée par nos intellectuels et responsables.

Ces derniers ont déserté l’espace du quotidien. Ils arpentent inlassablement les réseaux sociaux et naviguent de conférence en conférence, ces nouveaux goulags de la pensée. Ces arènes où s’affrontent nos gladiateurs africains dans un combat prétextant honorer une pensée de libération. Tout cela se passe devant un public hilare, hystérique et non représentatif (le 0,000001% qui traîne sur les réseaux.) La fin de ces joutes est toujours consacrée à celui qui a passé la commande : le maître. Le gladiateur vainqueur attend le geste du pouce tourné vers le bas pour la mise à mort de son frère de combat. Et comme c’est toujours le cas, le vainqueur retourne à sa misérable vie en attendant de nouvelles acclamations.

Mais l’homme dans sa folie ne s’arrête pas à la seule découpe des arbres. Comme si cela ne lui suffisait pas, il met aussi le feu à sa végétation de manières intentionnelles. Dans le temps, on pouvait parler d’écobuage. Le fait de brûler pour enrichir le sol. Mais nous connaissons aujourd’hui l’effet destructif de cette pratique sur les éléments nutritifs du sol. Sans oublier sa contribution climatique à l’effet de serre.

Mais il y a encore plus préoccupant lorsqu’un homme ou un petit groupe met le feu à toute une savane juste pour débusquer un rongeur qu’il destine à sa goinfrerie. C’est ainsi qu’une semaine avant mon retour à Paris, toute notre plantation familiale fut brûlée. Nous n’étions pas les seules victimes du feu : la majeure partie des familles du village fut aussi concernée. Le feu a parcouru trois collines et toutes les vallées adjacentes. Le travail d’une année anéanti par une pratique exécrable. Son impact est multiforme : social, économique et environnemental. Le pays n’offre aucun système de compensation et autres. Et pourtant, les cultivateurs sont quasiment les seuls pourvoyeurs économiques de ce pays. La probabilité que cela se reproduise l’année suivante est très forte. Si déjà dans les nations riches, l’acquisition de Canadair bombardier d’eau n’est jamais une mince affaire, alors imaginez pour la 5ème nation la plus pauvre du monde. C’est simple, il n’y en a pas. Si le feu s’abat sur la savane, il s’arrêtera selon le bon désir de mère nature. Si le feu s’abat sur un village, cela peut être juste un désastre.

Un soir, juste avant d’aller me coucher, mon regard fut attiré par un feu (la photo) au loin sur une des collines marquant les limites territoriales du village. Mon côté reporter voyait quelque chose de beau mais je ne mis pas longtemps à me rendre compte que l’enfer venait de s’inviter chez nous. Plus personne ne souriait. Le ton était soudainement devenu grave.

Feu sur la colline du village. CopyRight2021StanislasBanda

Comme dirait mon cousin,  » À méditer » !!!

À très bientôt. 

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

DU PUR BIO PAS CHER !!!

CopyRight2021StanislasBanda

J’ai gardé un esprit foncièrement positif malgré les histoires abominables que l’on m’a relatées lors de mon séjour en Centrafrique. En fait, en France, je ne recevais que les tranches « light » des atrocités commises dans le pays lors de crises passées. Et quand je pense que certains de mes amis cachaient à peine leur doute sur la véracité de ce que je leur rapportais !!! Et oui ! au plus fort de ma douleur j’informais que 13 membres de ma famille avaient été exécuté dans notre village d’Alindao, le silence des gens que je connais était plus que révélateur. Il aurait fallu peut-être que je montre des photos. Mais je n’en ai pas et même si je les avais …

Je reste positif car là-bas, j’avais croisé des enfants qui comptent visiblement sur moi. Je leur ai fait la promesse de revenir très vite. Ils sont dans une urgence absolue. Ils n’ont pas d’école dans leur village. Ils fréquentent l’école d’un autre village mais seulement quand l’instituteur est disponible. Ils n’ont pas de dispensaire. Par exemple, sans exception, ils ont tous la teigne. Quasiment tous sont en haillons et pieds nus …

Voilà pourquoi je retourne en Centrafrique.

J’ai encore le souvenir ému de quand ils m’ont accompagné à travers la savane. Une nature luxuriante. Pour arriver à l’endroit de la photo, j’étais accompagné par de jeunes enfants et deux adultes. Il faisait très chaud, je transpirais. Et eux, tous joyeux gambadaient loin devant moi. Une petite de 9 ans m’a attendu, vu que je ralentissais l’équipée, et m’a dit quelque chose de très surprenant : « Si tu es fatigué, je peux te porter ». Ma fierté en a pris un coup. Grâce à cette séquence, j’ai redécouvert la relativité.

Je suis arrivé transpirant, haletant et fatigué alors que les autres avaient eu l’air de n’avoir fait qu’une petite balade dans un parc. Quand on traverse la savane et la forêt, l’air est pur. Je me suis enivré d’oxygène et j’ai frisé l’hyperoxie. Mais quel bonheur de se servir en produit frais, d’entendre les oiseaux, la brise sur les feuilles, la chaleur tanner ma couenne.

Une fois dans le champ, à quelques kilomètres de notre point de départ, ces enfants ont pris soin de me montrer comment distinguer les différents maniocs et leurs feuilles. J’ai appris à repérer les feuilles urticantes, comment cueillir le piment et tant d’autres choses encore… Des produits bio, en veux-tu en voilà et sans te saigner. Kawéya, gbokoro, bolé, ngago, karakandji, babolo, kosso, vêkê, ngoundja, kpangaba et j’en passe, voilà quelques-uns des produits de notre terroir que j’ai récolté de mes propres mains.

Au moment du retour, nous avions pleins de victuailles dans de grandes bassines à ramener. Alors que j’étais perplexe, tous se sont saisis chacun d’un colis et nous voilà sur la piste à la queue leu leu, chantant et ricanant. Et toujours la même petite de me dire : « Je peux prendre aussi ton appareil photo ». Décidément, je devais avoir l’air de peiner.

Se soustraire de BFMTV, de YOUTUBE et autres, c’est devenir actif en s’appropriant un autre espace-temps. On se rend vite compte qu’il n’y a pas que la covid, Zemmour, le prix du carburant, le prix des pâtes, le prix de l’électricité …

J’avais choisi d’habiter dans une case en terre battue, sans électricité, sans eau courante, aucun réseau téléphonique. On devient de facto humble. Il y a des millions de personnes qui sont à ce niveau-là. Un jour, que j’utilisais mon iPhone pour prendre des photos, l’on m’a demandé combien il coûtait. Je ne pouvais pas répondre. J’ai su organiquement à cet instant que le monde était vraiment divisé. Je n’ai pas répondu à la question car j’avais honte et j’étais triste de découvrir que j’étais de l’autre côté de la barrière. Dans cette configuration là, il n’y a de place que pour les questions essentielles. « Est-ce nécessaire ? » Voilà pourquoi, beaucoup d’entre nous préfère rester derrière la petite lucarne pour observer sournoisement. Car il faut du coeur pour soutenir le regard des petits anges aux pieds nus.

Pour ceux qui se poseraient la question : Pour charger mon téléphone, je repartais à la capitale, je m’étais mon téléphone en charge pendant que je faisais quelques courses à ramener au village : Pain, sucre, huile …

Il faut savoir aussi qu’au matin, pour raisons économiques, c’est café pour tout le monde, enfants compris. Et c’est encore plus inquiétant avec l’alcool. Je n’ai pas pu dire grand-chose car j’étais rembarré gentiment. Cela me rongeait. Car je pouvais passer très vite pour l’emmerdeur de service…

 Voilà aussi pourquoi je retourne en Centrafrique.

Retrouver mon rêve d’enfance : être paysan agriculteur. Pour l’instant, la démarche est d’abord symbolique. Mais un symbole qu’il faudra très vite dépasser. Car je suis un obligé du très regretté Pierre Rabhi. Il ne s’agit point d’une aventure touristique.

 À très bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Barthélémy Boganda 1956

Barthélémy Boganda 46 ans,
est le fondateur du mouvement l’Evolution sociale de l’Afrique noire.
Ancien ecclésiastique, il est député de l’Oubangui-Chari depuis 1951.

Je vous livre aujourd’hui, une grande enquête d’André Fontaine. Cet envoyé spécial faisait le portrait des leaders politiques d’A.E.F.

Dans cet article produit en septembre 1956 sous le titre de « A.E.F. où vas-tu ? », André Fontain s’entretient avec Barthélémy Boganda, élu de l’Oubangui-Chari, l’homme qu’a porté au Palais-Bourbon une brousse naguère cannibale.

PLUSIEURS MILLIERS DE PERSONNES MASSEES SUR LA RIVE ATTENDAIENT QUE BOGANDA TRAVERSE L’OUBANGUI EN MARCHANT SUR LES EAUX.

Car le peuple de la brousse a dans son député une confiance superstitieuse, sans limite.

– Il y a cinquante ans, vous ne seriez pas arrivé jusqu’ici. Vous seriez passé à la marmite. C’est peut-être mon père qui vous aurait mangé.

Lire la suite

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén