SingoBingo @rt

Just for sharing

Catégorie : Pays banda

Saupoudrage culturel !!!

CopyRight2021StanislasBanda

Considérez cet article comme une suite à « Le cimetière des artistes africains ».

Je tiens à dire une chose avant tout. J’ai plein d’amis africains adeptes de la
musique urbaine africaine. Certains, peu, ont aussi une connaissance de la
musique traditionnelle africaine. Je plébiscite la musique traditionnelle
africaine et j’aime aussi certaines musiques urbaines africaines. Mais dans
l’acception généralisée, le terme de musicien africain s’adresse d’emblée au
musicien urbain. Le nœud du problème se pointe quand celui-ci se positionne
comme représentant le monde traditionnel, en s’exprimant en leur nom.

Parce que quelques fois, il va emprunter à une ethnie, un riff, un pattern rythmique et il enfume tout le monde en faisant croire à de la musique africaine. Le tout encadré par un logiciel générant en boucle psychotique un insipide logarithme musical dédié avant tout à une configuration occidentale.

La plupart d’entre eux n’a jamais appris ni joué auprès d’un ancien.

La seule et vraie question à se poser :

       Comment peut-on véhiculer une culture qu’on n’a pas appris ?

Ce musicien-là transfert son affect culturel dans son nouvel environnement
occidental. Cela veut dire qu’il arrive avec des émotions qui modifient
absolument ses capacités à distinguer ces nouvelles réalités. Voilà pourquoi de
représentation erronée en mauvaise interprétation, il ne fera que se dévoyer.  

La situation du musicien africain est grave car en tant qu’artiste il ne perçoit
essentiellement qu’avec son cœur, comme la majorité des artistes par ailleurs.
La raison l’habite très peu en plus du fait de sa méfiance prégnante, héritage
de tout ce que son histoire (esclavage, colonisation) lui a fait subir comme traumatisme.

Donc en contact avec d’autres cultures, l’artiste africain se sent acculé. En effet, quand deux cultures se croisent, les présentations sont de rigueur. Et c’est ainsi que notre artiste africain essaiera de reproduire une image supposée d’une culture africaine qu’il n’a jamais apprise.

En esquissant deux pas d’une danse tribale, en chantant deux phrases dans une langue non-parlée au quotidien, en égrainant une banale gamme de do majeure (loin de sa pentatonique ancestrale) sur une guitare électrique (puisqu’il ne sait jouer d’aucun instrument traditionnel), le musicien africain en occident créé de l’illusion culturelle. Il saupoudre son insipide production d’un faux ingrédient d’africanité et le tour est joué. Avec la complicité de son éternel public non exigent.

Les accords qui découlent de leurs arrangements musicaux sont systématiquement ceux de l’harmonisation d’une rebattue gamme
diatonique majeure. Jamais un peuple n’a enchaîné autant la sempiternelle
boucle de deux mesures de Do-Fa-Sol7 ou Sol-Do-Ré7…

Jamais on ne retrouvera l’harmonisation de la gamme pentatonique de leurs anciens. Seuls ceux des villages les utilisent au quotidien.

Quand ils sont acculés dans la cité urbaine ou lorsqu’ils doivent se confronter aux autres cultures, comme des vautours, on les voit roder autour des anciens en quête d’inspiration ou pour tout simplement piller des valeurs qu’ils ont toujours minorées.

Je vais vous parler de l’exposition universelle pour que vous saisissiez l’ampleur du désastre.

L’exposition universelle

La motivation première de l’exposition universelle en Europe était l’éducation des visiteurs occidentaux. C’est sous ce prétexte là que nos anciens avaient été exhibé dans ce qu’on a appelé « Zoo humain ». Pratique infâme en direction du peuple noir dont nous portons encore aujourd’hui les stigmates. La théorie de l’évolution de Charles Darwin assurait à l’exposition universelle un vernis scientifique (le plus fort éliminera le plus faible et ainsi la sélection naturelle se fera). Il fallait exhiber les faibles pour se sentir fort enfin.

On a parlé un moment d’industrie du spectacle qui s’approvisionnait en matière première humaine dans les colonies. Nos anciens ont été exhibés selon les attentes de la gloutonnerie Occidentale. Le blanc veut se goinfrer de sauvage, de cannibale, de sous-homme, d’indigène, de spécimen, d’animaux…

Après  cette hyperphagie de l’occident, seule une anorexie passagère viendra pour un temps au secours de nos aînés. On commença alors à parler de l’échec de la mission civilisatrice de l’Occident malgré le gros appétit du public occidental pour ce genre de spectacle.

Mais c’était sans compter le cinéma. Celui-ci avait repris la main pour projeter des images de sous-civilisés.

L’exhibition du noir devient de plus en plus subtile. La télévision occidentale devient elle aussi, un grand vecteur de cette exposition, pour un public complaisant.

Et voici un autre élément de réflexion

Aujourd’hui, et c’est là l’objet de ma colère, la gestion du spectacle nous a été refilé. J’avais écrit un temps : « Le spectre du danger qui amplifie notre péril n’est pas ténu. Il s’est plutôt affiné avec une palette infinie de propositions. Il est dorénavant subtil : Nous ne sommes plus directement menacés par le conquistador. Celui-ci nous a gracieusement fait cadeau de son mousqueton. Et depuis, on s’étripe pour savoir qui sera le meilleur serviteur du maître ». 

Épilogue

Tout comme l’exposition universelle dont on exècre la pratique, l’africain se met lui-aussi à exposer les siens. Depuis quelques temps, cela consiste à aller dénicher des artistes de nos tribus et à les soumettre à diverses formes d’exploitation : Certains exploitants viennent de l’Occident pour les étudier, encore et encore. Quand on gratte un peu, on découvre qu’ils viennent s’offrir une visibilité à moindre coût.

Déjà en temps normal, l’artiste traditionnel africain peine matériellement à se rendre dans la capitale de son pays. Devinez sa réaction quand il se voit offrir gracieusement un billet d’avion pour l’Europe. Va-t-il pouvoir résister au coca-cola, au McDo, à la casquette de baseball ? Non. Ces choses-là ont déjà fait qu’une bouchée de nos enfants en Europe. Alors pour un blédard africain (avec tout mon respect) !!!

Voilà comment cela se passe : On demande à des artistes traditionnels de
s’adapter à un projet sans le consentement de la tribu, de ne plus être
eux-mêmes. « Installe-toi là, regarde par-là, joue comme ceci… »

Bien entendu, ils vont revenir avec un casque audio, comme seul gain de leur expédition au « Kong haut », qu’ils porteront dans un improbable environnement de la savane africaine. Ils raconteront à leurs enfants leur voyage à Vingt mille lieux sous la terre à bord du métro.

Les nôtres deviennent à nouveau des bêtes de foire et cette fois avec notre assentiment, celui de nos gouvernances qui n’y trouvent rien à redire. Il ne peut rien être reprocher toutefois à ses derniers car ils n’ont pas l’occasion réflexive de la situation. Ils ont d’autres urgences.

Salut Maître, ceux qui vont s’humilier te saluent

(Avē Cæsar, moritūrī tē salūtant)

Voilà ce qui se joue. C’est très moche. Nous sommes au XXIème siècle. Il y a quelque chose à faire mais cela va prendre du temps.

Mais déjà en parler donnera à réfléchir aux futurs apprentis-négriers 2.O !!!

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Bonne année 2021 !

CopyrightBangui2012StanislasBanda

Nous sommes le jour un de l’année 2021 !

Je souhaite à tous mes lecteurs « BONNE ANNÉE ».

Ma première pensée est de réitérer l’idée de ne pas oublier son histoire, de ne pas relativiser la pauvreté, de ne pas méjuger la souffrance.

De ne surtout pas donner un chèque en blanc à nos responsables politiques.

À ceux-là, il leur faut, votre liste de courses. C’est notre seul système d’évaluation.

Refusez de cohabiter avec vos tortionnaires. Ne laissez personne décider de votre liberté.

« Que faire ? », « Que fait-on ? », « Qu’est-ce-que tu proposes ? »

Voilà quelques questions qui m’ont interpellé en 2020. Elles renvoient toutes à la désespérance, à l’impuissance. J’ai souvent été surpris parce que venant de personnes équilibrées. Quelques fois, ces questions m’étaient quasiment adressées de manière agressive ou détournée car je dérangeais le confort intellectuel de certains. Beaucoup ont baissé les bras, me suggérant l’idée du « Qu’il n’y a plus rien à faire » ; « Que le monde ne changera pas » ; « Que le monde est détenu par de puissants lobbys qui ne laisseront pas le cours des choses changer ». Je n’oublie pas non plus le camp des « Laisser voir venir », l’autre fer qui entrave nos chevilles.

Voilà la réponse que j’opte dorénavant, pour ceux qui veulent rester debout et avancer : « Chacun fait ce qu’il a à faire ». Pour les autres, sauf à leur dire « restez coucher, tout va bien », je n’ai rien d’autres à rajouter. Pour mes amis qui sont dans le doute et ou qui sont dans des mauvaises passes, je reste indéfectiblement disponible.

Heureusement que nous sommes encore un certain nombre à interroger notre environnement et en quête de solutions. Réfléchir et réaliser afin que la Centrafrique puisse sortir de son classement parmi les nations les plus pauvres au monde. Réfléchir et réaliser pour que la jeunesse centrafricaine s’autorise un autre rêve que celui d’un autre ailleurs. Enfin réfléchir et réaliser pour donner un horizon dégagé au peuple banda et à toutes les autres tribus centrafricaines.

Avant de finir, je voudrais juste préciser que mon discours, ne s’inscrit uniquement que dans une vision de la sauvegarde de nos patrimoines culturels.  Je ne pense pas à l’aune du Bangui politique. Je suis porté uniquement par la question du territoire banda et de son patrimoine. Par lâcheté certains d’entre nous ont choisi le statu quo. Cette année, je vais renoncer à convaincre les indécis. Cela use beaucoup trop d’énergie. Nous banda, devons faire face à un univers de plus en plus hostile. Aujourd’hui, ceux qui n’ont pas appris leur leçon, ne l’apprendront jamais.

Tout seul, je n’arriverai à rien. Voilà pourquoi je sollicite encore et encore la collaboration et la participation de tous les banda « debout ».

Ma photo représente le « Douké », le foyer, l’âtre centrafricain. Je l’ai prise en 2012 (il y a presque 9 ans donc) à Bangui.

Je vous remercie pour la fréquentation du site.

Bonne année 2021 !

 À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Bambari libéré !!!

CopyRight2020StanislasBanda

Discours du 25 décembre 2020 d’’inspiration gaullienne.

« Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint, nous qui sommes ici et là-bas à regarder Bambari se faire libérer. Bambari !
Bambari outragé ! Bambari brisé ! Bambari martyrisé ! mais Bambari
libéré ! libéré par …, par…, disons avec l’appui de l’ONU et le concours du
Président Macron qui se bat seul pour la vraie Centrafrique et la France
éternelle.

Eh bien ! Puisque l’ennemi qui tenait Bambari a capitulé, et si tout ce monde
rentrait chez lui, qu’adviendrait-il de Bambari ? »

Au fait de quel ennemi s’agit-il ? Ne fut-il pas invité à la grande
table ? Malgré l’atrocité des actes terroristes passés de ces groupes
armés sur le territoire banda, un territoire national, ne les avait-on pas
conviés à partager l’avenir tout en effaçant l’ardoise ?

Aujourd’hui, qu’y a-t-il de plus grave que les atrocités passées pour que l’invité de marque ne puisse plus trouver grâce aux yeux de … ? Mais aux yeux de qui au fait ?

Si maintenant, l’idée d’une alliance est insupportable, pourquoi juste repousser le démon aux portes de Bambari ? La mise en danger du reste du territoire banda paraît dorénavant évidente. Comme il l’a déjà fait, cet ennemi là va déverser sa lâcheté sur les autres pauvres villages banda, sous les habituelles manifestations d’attendrissements hypocrites.

Qui en porterait la responsabilité ?

Nous sommes bien dans une boucle temporelle.

 À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Élection présidentielle centrafricaine de 2020

CopyRight2020StanislasBanda

En dépit de mon éloignement des questions politiques, j’ai un avis politique. L’élection présidentielle 2020 en Centrafrique est un acte démocratique dans le cinquième pays le plus pauvre du monde. Quand on devise d’élection en Centrafrique, j’ai toujours cette impression de me retrouver dans le film «Groundhog Day» Un jour sans fin. Le pays semble bloqué dans une boucle temporelle forçant les centrafricains à revivre indéfiniment cette péripétie sans lendemain. Un « Time Loop » qui lie inexorablement l’avenir de ce pays à son passé désastreux. Une boucle de causalité qui nous maintient fermement prisonniers.

Devenant ainsi une référence culturelle, le centrafricain choisit son dirigeant sans obligation de résultat.

La démocratie permet, théoriquement, l’exercice d’une pleine liberté citoyenne. Quand elle est pratiquée sous menaces diverses et sous assistanats, le peuple devrait conditionner sa voix. Si malgré tout, le peuple valide la participation des « toujours les mêmes » pour perpétuer la tradition politique, alors il devra accepter sa condition en toute responsabilité.

Voilà pourquoi être la 5ème nation la plus pauvre du monde ne semble pas être insupportable à vivre.

Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi le 1er de la classe est toujours en pleine détresse quand il se retrouve déclassé en 2ème ou 3ème place.
Car quand on est dans le peloton de tête, il y a un standing à préserver. On
cherche plutôt à être dans les « échappés ». Ce qui n’est pas le cas des derniers qui n’ont plus de rêve.

Mon avis est relatif car j’estime que l’élection présidentielle intéresse avant
tout les personnes vivant sous le toit Centrafrique. Je ne peux pas me
positionner sur quelque chose que je ne comprends pas.

Replaçons les éléments dans un contexte analysable et hors émotion partisane :

La population de Centrafrique vit sous le seuil international de pauvreté. La
Centrafrique occupe, selon l’indicateur, la 5ème place des nations les plus pauvres au monde. Cela fait mal. Ne pas avoir de rêve, de vision dans cette
conjoncture, relève de sortilège, de malédiction auquel cas, il faudrait faire appel à un rebouteux républicain démocrate.

Ma seule interrogation concerne la conséquence de ce Time Loop sur la culture banda avant tout et bien entendu sur les autres cultures ethniques. Il
est dit que 2/3 du pays seraient hors contrôle. Malgré la présence de l’armée
et des partenaires militaires de la Centrafrique, la peur semble campée
toujours du même côté. L’exercice démocratique dans ces conditions me paraît douteux mais incontournable :

Nous sommes bien dans une boucle temporelle.

 À
bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Mon banda ne convoque pas la Centrafrique!!!

Auguste Ngwadédé catéchiste dès 1920 à Saint-Joseph de Bambari.

Quand je parle de la culture banda, ma démarche a pour ambition de mettre en place un schéma de référence pour la réhabilitation culturelle en territoire banda.

Il s’agit pour moi de rendre visibles nos diversités esthétiques et donc ethniques. Il est vrai que je ne parle essentiellement que de l’ethnie banda. Normal, je suis banda. Je n’ai pas la légitimité pour parler des autres ethnies. Mais ma pensée s’adresse à toutes les ethnies sans façon du fait de notre communauté de destin. Ma vision est la sauvegarde du patrimoine car l’enjeu est autant culturel, éducatif qu’économique.

Au moment du déclenchement de ma campagne pour le banda, j’étais persuadé que les miens, les banda répondraient à cet appel d’air. Malheureusement ma proposition n’avait pas agrégé. J’ai voulu en savoir plus sur ce scepticisme ambiant.

Il en ressort que la majeure partie des retours des banda et d’autres ne pouvait s’analyser qu’à travers le prisme de la politique. Un conflit de loyauté qui objective le dilemme que les miens ont à choisir entre la république et la tribu. Nous sommes donc en présence d’un syndrome d’aliénation politique. Ils entretiennent avec la république une complicité aliénante qui les oblige à désavouer leur marqueur identitaire. La république fait peur à ses enfants. La chose du peuple (Res Publica) ne leur appartient plus. Si tant est qu’elle ait pu leur appartenir un jour.

Moi, je n’ai pas de dettes par rapport à cette république. Celle-ci fonctionne sur notre défaillance tribale.

Mon discours sur le banda ne convoque en aucun cas la Centrafrique politique. Pour la simple raison que je ne suis pas politicien. Beaucoup des nôtres y sont déjà assez embourbés pour que je vienne grossir leur rang. Une république qui est devenue le cimetière de toutes les bonnes volontés.

La république centrafricaine, l’empire centrafricain, le territoire de l’Oubangui-Chari sont postérieurs à la nation banda.

Pour le dire autrement, la nation banda a préexisté à ces entités.

Le centrafricain a été tour à tour sujet du territoire de l’Oubangui-Chari, citoyen de la république centrafricaine, de l’empire centrafricain. Une versatilité qui donne à réfléchir. Dans toute cette errance centro-africaine, seule l’appartenance à notre ethnie banda a constitué une permanence pour nous banda.

Si la république centrafricaine est une construction intellectuelle, la nation banda répond quant à elle à l’essentialisme.

Bien que nous en fassions partie, la Centrafrique n’est pas déterminante dans l’identité du banda. Tant que le banda le pensera, il restera prisonnier à jamais.

Le contrat entre la République et les régions représentant nos ethnies n’a pas été respecté par la République.

Ce que je dis pour la Centrafrique politique, l’est aussi pour les religions dominantes en Centrafrique. Aucune de ces religions n’est déterminante pour l’identité banda. Tout banda qui le pense, restera prisonnier à jamais. D’ailleurs à ce propos, le banda n’a pas à faire le sherpa des autres religions. C’est cette lâcheté là qui nous interdit l’idée d’une réparation des offenses que nous avons subies. Oui, car certains pensent que réclamer préjudice serait faire offense à leur nouveau dieu. HONTE à eux. Car tous les autres dieux s’autorisent sans vergogne dorénavant à venir recruterer leurs ouailles chez nous car nous banda ne savons plus rendre hommage à notre Dieu, Yilingu, Eyingeren. Changer d’état nécessiterait de couper le cordon ombilical. Seul un initié banda comprendra d’emblée mes propos. En effet, en rentrant dans le bada, le but est d’en ressortir nouvel homme. On perd le prépuce dans la souffrance pour pouvoir faire partie des bâtisseurs de la nation banda. Oui, aujourd’hui, les non-initiés devraient se débarrasser de leurs verrues confessionnelles pour leur Dieu originel. Ne pas le faire transcrit notre degré d’aliénation.

Le faire permet de reconsidérer sa place au chevet de cette république moribonde. En ce qui concerne le confessionnel, je m’en tiendrais là car je ne suis pas croyant.

Être banda est un honneur. J’ai eu des soirées au bonheur infini sous le firmament du natal à écouter grand-mère nous conter. De cette histoire que beaucoup connaisse. Et pourquoi aucun d’entre nous ne se lève pour la résistance ? J’ai voyagé, j’ai vu et je sais désormais que nous pouvons y arriver. Cela ne dépendra que de chacun. Pour cela chacun devra consentir à son sacrifice et redonner au Ngango, au Péké, à Tèrè, à Yilingu … la place qui leur revient de droit.

La coutume qui présidait au mariage de mes parents en 1955 était le Banda Yackpa. Le colon Mauvais Paul de son nom, le blanc qui gérait notre colonie avait validé administrativement cette information à propos de notre coutume. Parce que cette appartenance tribale sonnait comme une évidence.

Notre pays n’a accédé à son indépendance qu’en août 1960. Pourquoi aujourd’hui, le banda a cette trouille de se reconnaître dans l’appartenance de ses grands-parents alors que le colonisateur se sentait l’obligation de la mentionner ?

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

J’avais eu un très grand plaisir à faire découvrir à ma mère certains monuments historiques de France. C’est à ce moment que je me suis rendu compte de la pauvreté du sango langue nationale centrafricaine à dater des évènements au-delà de 100 ans. Cela est dû au fait que l’on n’a aucune référence historique, culturelle, géographique pour signifier la durée du temps. Nous n’avons pas assez de recul historique. Aucune traçabilité en soutien à notre savoir. Aucune transcription dans nos multitudes de langue des évolutions de l’humanité.

J’ai compris à ce moment là qu’apprendre dans la langue de quelqu’un d’autre condamnait à la disparition de l’héritage linguistique de nos ancêtres.

Maintenant, vous l’avez compris… Si vous ne faites pas de place dès à présent à la langue banda, il en ira de la responsabilité de chacun comme de moi-même.

Je réunis tout ce qui me paraît indispensable de porter à la connaissance des futures générations, pour que nos enfants et nos petits-enfants les découvrent et apprennent à les connaître, les comprendre, les approfondir, se forgeant ainsi un socle culturel leur permettant de s’ouvrir au monde sans perdre leurs origines.

Plus tard, ils sauront le rôle que nous aurons joué dans la sauvegarde ou la disparition de notre patrimoine.

J’écrivais il n’y a pas si longtemps que la langue banda est l’héritage essentiel des banda et que nous avons tous une responsabilité personnelle à son égard.

Comment expliquer alors qu’après 10 années d’étude de médecine, que tout ce savoir ne puisse être transcrit dans notre langue le banda. Plus de 5 ans d’étude après le bac, aucun architecte ne peut expliquer l’architecture dans la langue banda. Ce constat reste valable pour les autres corps de savoir : mécanique, musique, mathématique, physique, philosophie, chimie… Certains d’entre nous peuvent aujourd’hui jouer avec la théorie quantique sans pour autant cependant pouvoir énoncer dans notre langue le simple théorème de Pythagore. Nous ne savons toujours pas dire en banda cette formule qui est apparu en Centrafrique il y a une soixantaine d’année : « Dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés ». Il est dit que, lorsque l’on connaît ce théorème et sa réciproque, on va pouvoir : calculer des longueurs, calculer des angles, démontrer que le triangle est rectangle.

Et c’est ici qu’apparaît le noeud gordien : Ceux d’entre nous qui maitrisent notre langue ne sont pas en mesure de traduire des concepts de base tels que la longueur, l’angle, le triangle, le rectangle, le théorème, l’hypoténuse… Donc il est vain de se gloser en se targuant de parler une langue qui a perdu sa capacité à transcender son locuteur. Il serait donc difficile de convaincre la nouvelle génération d’adopter cette langue sur le seul justificatif quelle serait porteuse de notre histoire …

Prenons la notion de longueur. Elle suppose de déterminer une unité de longueur (le mètre), les multiples de cette unité (le décamètre, l’hectomètre, le kilomètre), les sous-multiples de cette unité (le décimètre, le centimètre, le millimètre).

Et comment pourrais-je expliquer aux miens, ceux du village, ma passion pour l’astronomie ? Comment rendre claire que l’année-lumière est égale à la distance parcourue par la lumière dans le vide pendant une année julienne ?

Il y a là quelque chose de pathétique dans cette histoire.

Une petite anecdote pour souligner mes propos : j’avais demandé à un des nôtres de me dire la superficie de la République centrafricaine, il m’avait répondu sans sourciller en français, 622.000 km2. Je lui ai demandé de me dire la même chose en sango, langue pour laquelle beaucoup de centrafricains vouent une croyance immodérée, il n’a pas su le dire. Je vous laisse méditer sur la valeur de cette langue pour laquelle on a opté en reléguant aux oubliettes le patrimoine linguistique de nos grands-parents. Par pure décence, je ne lui ai pas demandé de dire la même chose en banda.

Voilà pourquoi, dès aujourd’hui, dans une démarche participative et collaborative, nous devrions tous nous atteler à la tache de construire nos outils du futur. Pour l’instant, même avec l’accord de principe de certains, je continue seul mes investigations. Je suis heureux de l’évolution de mon travail et surtout de l’effet sur moi. Une prise de conscience sans commune mesure.

 Ce serait une grossière erreur de juste apprendre le banda de nos parents pour s’en sortir. Nous avons une dizaine de siècle à rattraper.

Écrire son petit livre en tant que contribution ne suffira pas à nous sortir de notre dévoiement.

Lire son catéchisme banda ne suffira pas à nous sortir de notre abyssal trou.

Chanter son banda au micro de son orchestre ne suffira pas à nous sortir des excavations que nous occupons depuis trop longtemps.

Parler son banda en petit comité ne suffira pas à nous sortir de notre maelström.

Ceux qui ont pris de l’ascendance sur notre planète étaient au départ comme tout le monde. Ils l’ont fait en imposant leur langue, leur présence sur tous les territoires, la terre, les eaux et maintenant le ciel. Ils n’ont pas attendu la permission d’un dieu, d’une Onu. Ils ont imposé leur histoire. Ils ont fait leur histoire.

 À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Église Saint-Joseph de Bambari !!!

Église saint-Joseph de Bambari Centrafrique

Voici cette église Saint-Joseph de Bambari en Pays Banda de Centrafrique. La photo date des années 1920 comme les précédentes. J’aimerais bien savoir qui a pu participer à son édification. Affaire à suivre.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Mission de la savane!!!

La résidence des pères

Voici les pénates des prêtes, vue du clocher de l’église Saint-Joseph de Bambari en Pays banda en Centrafrique dans les années 1920. Ils devaient en imposer face à l’architecture traditionnelle des cases en terre argileuse et couvertes de chaume.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Les filles de Bambari, il y a un siècle!!!

Les filles internes à la Mission

Après les 130 garçons de la mission catholique de l’église Saint- Joseph de Bambari, en pays banda de Centrafrique. Voici cette fois-ci le groupe des 118 filles.
Cette photo a un siècle aujourd’hui. C’est un chaînon inestimable de notre
travail de mémoire à nous banda.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

La christianisation du peuple Banda!!!

Cette photo a 100 ans. Elle montre la christianisation des enfants du peuple Banda. Ces garçons étaient internes à l’église Saint-Joseph de Bambari, pays Banda en Centrafrique.

La prochaine fois, je vous présenterai le groupe des filles internes.

À bientôt.

Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén