
Les miens sont aux abonnés absents en Centrafrique. Compliqué et acrobatique de les joindre téléphoniquement depuis la charge avortée des groupes armés à la porte de Bangui. Je repense à cette expression qui circulait encore il n’y a pas si longtemps : « Bangui doux ».
Il est difficile de croire aujourd’hui qu’en tant qu’hommes libres nous nous obligeons encore à une obéissance irrationnelle…
Il n’y a qu’une chose qui peut expliquer cet asservissement : Notre premier homme politique nous avait annoncé notre libération en ces termes :
« Ô Centrafrique, ô berceau des Bantous ! Reprend ton droit au respect, à la vie ! Longtemps soumis, longtemps brimé par tous. Mais dès ce jour, brisons la tyrannie. Dans le travail, l’ordre et la dignité, tu reconquiers ton droit, ton unité… »
Et depuis nous sommes devenus inconsciemment les obligés des politiciens. Nous sommes reconnaissants envers le politique de son grand discernement pour nous avoir libérer. Nous lui avons accordé en temps et lieu tous les droits. Après tout, a-t-on besoin de réfléchir, il peut penser à notre place.
Ainsi, nous avons servi des gouvernements tyranniques. Qui n’ont offert aucune visibilité, aucun espoir à sa jeunesse. Une jeunesse en proie à la pauvreté chronique, au sida, à la cruauté des groupes armés…
Notre ennemi a dorénavant deux visages : celui de l’étranger mais aussi celui plus inquiétant d’un proche.
Nous de l’extérieur, de la diaspora, nous crions « « Ô Centrafrique, Ô mon amour » pour donner le change à ceux qui s’empressent ici de retrouver encore en nous une preuve de leur grandeur passée ; et pendant ce temps à l’intérieur, quatre millions des nôtres astiquent le cuir de la servitude. Par ci et par là, tout le monde est prompt à défendre un bilan négatif afin de ne pas s’attirer la foudre du maître. « Demain serait meilleur ».
Du coup, les seuls qui veulent un changement sont les grands « saigneurs », les brigands de grands chemins. Quel paradoxe.
« Ô Centrafrique, ô berceau des Banda! Cela fait 600 ans, 60 ans et 6 ans que tu attends de reprendre ton droit au respect, à la vie! Longtemps soumis, longtemps brimé par tous. Encore aujourd’hui, tu n’as toujours pas brisé la tyrannie. Sans le travail, l’ordre et la dignité, tu n’as toujours pas reconquis ton droit, ton unité… »
À bientôt.
Stanislas Banda
Inji balé, Ocho balé
Uzu balé, ama balé
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