Je vais évoquer le long de ces pages la longue histoire d’hommes et de femmes qui l’ont traversée pour donner un sens à notre existence. Qu’ils soient chefs, sorciers, circonciseurs, agriculteurs, chasseurs, et d’autres encore, ils ont donné au territoire banda son visage, son développement humain, c’est-à-dire ses racines. Je fais ici un devoir de mémoire.
Les générations actuelles sont minées par l’urgence, la pauvreté, la maladie et la pression consumériste. Il y a de fortes probabilités qu’il n’y ait plus aucun legs pour les générations futures. L’heure actuelle est à la mondialisation, à la globalisation. Ces termes n’ont de pacificateurs que leurs définitions. Mais dans la pratique, ils sont destructeurs d’identité. Ils ont rendu inutilement complexes les rapports humains. Ils ont envahi toute la sphère politique, économique, religieuse, intellectuelle. Un petit groupe s’autorise dorénavant à parler au nom de tous, à penser au nom de tous.
Le verbe tribal a été gommé au profit du politiquement correct. Par ces pages, nous allons, nous Bandas, collectivement régénérer notre patrimoine de mots, de gestes. C’est parce que nous avons été témoins et protagonistes de l’histoire humaine que nous avons à laisser notre trace. La trace de notre sang, de nos pleurs, de nos transpirations, de nos amours… Ici, je prends conscience de ma responsabilité devant les miens. En espérant et en invitant les miens, les Bandas, à prendre la leur durant ce long voyage. Je suis bien conscient des limites de mon travail. De toute évidence, il ne peut refléter toute l’épaisseur de l’histoire banda. Ni offrir l’analyse des faits bandas. C’est pourquoi j’accepte volontiers tous les apports qui peuvent l’enrichir. Nous aurons juste à transmettre les valeurs de notre histoire :
- Découvrir l’unité du Peuple Banda même si différentes nuances peuvent être signalées. Nous devons comprendre quelque chose de notre exode.
- Présenter la fascinante aventure du Peuple Banda.
- Célébrer notre histoire qui n’a pas vocation à s’achever.
- Notre histoire porte la mémoire de nos anciens. Nous avons à les sortir de l’anonymat en inscrivant leurs noms dans nos écrits.
- Il s’agit de donner un sens, un but à nos vies et de signifier leur présence parmi les autres. Ceci est une mission de préservation culturelle par le viatique participatif.
Stanislas Banda
Mènè oko, Séssé oko
Zo oko, yanga oko